Le Journal de Quebec

Une usine à chiots insalubre

Les policiers de la SQ ont découvert dans une maison infecte 74 petits chiens, dont quatre étaient morts

- VINCENT LARIN

SAINT-GABRIEL-DE-BRANDON | Des chiens s’empilaient les uns sur les autres jusque dans la baignoire et les tiroirs de la cuisine à l’intérieur d’une maison perquisiti­onnée hier par les policiers dans Lanaudière.

Les enquêteurs de la Sûreté du Québec ont découvert cette usine à chiots par pur hasard puisqu’ils s’étaient rendus dans un domicile de la rue Thérèse à Saint-gabriel-de-brandon, hier matin, avec l’objectif d’arrêter sa propriétai­re pour fraude, fabricatio­n et usage de faux documents.

Assistés par les agents du ministère de l’agricultur­e, des Pêcheries et de l’alimentati­on, et de la SPCA Montréal, ils y ont finalement saisi pas moins de 70 yorkshires, bichons maltais, morkies, un croisement des deux premières races et chihuahuas. Quatre cadavres de chiots ont aussi été découverts sur place.

Une odeur terrible émanait de la maison située dans un petit chemin reculé de la municipali­té où ces chiens étaient gardés dans des cages et en liberté. Plusieurs ont été retrouvés dans un état pitoyable dans le sous-sol de la maison.

Au moins deux chiens avaient été peinturés de plusieurs couleurs, a pu constater Le Journal. Plusieurs autres n’avaient pas été nourris depuis des semaines.

VENDUS SUR KIJIJI

Les policiers se sont intéressés à la dame de 44 ans puisque celle-ci fournissai­t à ses clients des carnets de santé et de vaccinatio­n contrefait­s portant l’attestatio­n de véritables vétérinair­es.

Les nouveaux proprié- taires ne pouvaient donc pas se douter que leurs chiens n’avaient jamais été inspectés jusqu’à ce qu’ils tentent de contacter les vétérinair­es.

Les animaux avaient pourtant d’importants problèmes de santé dus à leurs conditions d’élevage. Même qu’un propriétai­re a retrouvé son chien mort quelques jours à peine après l’avoir acheté à l’éleveuse, a-t-on appris.

De nombreuses plaintes ont donc été adressées à l’ordre des médecins vétérinair­es du Québec qui a contacté les autorités.

La femme vendait ses chiens par le biais d’annonces mises en ligne sur Kijiji.ca et Lespacs.com.

Un rendez-vous était ensuite fixé avec l’acheteur dans des stationnem­ents de Walmart ou d’autres lieux publics. Les chiens pouvaient être vendus jusqu’à 1200 $.

INSALUBRIT­É MORBIDE

Plusieurs voisins qui n’ont pas voulu être identifiés ont confié être surpris par l’opération policière. « Je n’aurais jamais cru qu’il y avait autant de chiens là-dedans. On n’entendait jamais japper », a indiqué un voisin qui a souhaité garder l’anonymat. Les pompiers ont aussi été appelés en renfort puisque la maison était dans un si mauvais état qu’elle aurait pu s’enflammer à tout moment. « Il y avait des émanations de gaz dus au nombre important d’excréments à l’intérieur de la maison », a expliqué le directeur du service incendie de Saint-gabrielde-brandon, Frédéric Cyr. On parle d’insalubrit­é morbide. » La dame sera accusée de fraude, d’usage de faux et de fabricatio­n de faux documents. Des chefs d’accusation en lien avec la cruauté animale pourraient s’ajouter lorsque les policiers auront terminé leur enquête.

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PHOTO MARTIN ALARIE Des chiens qui se cachaient dans les tiroirs et qui s’enfuyaient ont donné du fil à retordre aux agents de la SPCA Montréal qui ont mis plusieurs heures pour les sortir tous de la demeure.

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