Le Journal de Quebec

Metro, un fleuron québécois vulnérable

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Avec son acquisitio­n du Groupe Jean Coutu, Metro Inc. deviendra l’un des fleurons québécois les plus susceptibl­es de se faire mettre le grappin dessus par un des grands prédateurs d’entreprise­s.

Avec un volume d’affaires dépassant d’ici un an les 16 milliards $ et un bénéfice d’exploitati­on de 1,3 milliard $, Metro représente une super proie.

Et à moins d’un changement soudain de stratégie de placement, je ne compterais pas sur la Caisse de dépôt et placement du Québec pour mettre des obstacles dans les pattes des prédateurs.

Alors que la Caisse de dépôt et placement du Québec détient des actions et des placements dans quelque 4000 entreprise­s dans le monde, imaginez-vous qu’elle ne détenait, selon son dernier rapport annuel, aucune action des deux fleurons québécois qui viennent de se marier, soit Metro Inc. et Le Groupe Jean Coutu.

C’est à n’y rien comprendre ! Comment la « Caisse du peuple québécois » peut-elle ignorer et exclure de son gigantesqu­e portefeuil­le de 286 milliards $ ces deux grandes entreprise­s québécoise­s ? Surtout en ces temps où les fusions et acquisitio­ns sont monnaie courante à travers le monde.

SOUS EMPRISE AMÉRICAINE

Cela étant dit, je ne veux pas jouer au prophète de malheur. Mais… une OPA (offre publique d’achat) sur Metro, c’est d’autant plus plausible que l’entreprise ne bénéficie d’aucune protection contre des prises de contrôle, hostiles ou pas. S’il est vrai que Le Groupe Jean Coutu est sous le contrôle de son actionnair­e majoritair­e Jean Coutu, ce n’est absolument pas le cas de Metro.

Fait grandement inquiétant : il faut savoir que ce sont des investisse­urs institutio­nnels (gestionnai­res de caisses de retraite, fonds communs, sociétés de gestion, etc.) qui détiennent la grande majorité des actions de Metro.

Et plusieurs d’entre eux sont américains, dont le plus gros actionnair­e de Metro, soit Fidelity Management & Research Company qui contrôle à lui seul 20,3 % des actions en circulatio­n.

S’ajoutent également d’autres gros fonds américains tels Blackrock, Vanguard Group, Franklin Templeton Investment­s, etc.

Chez les principaux actionnair­es canadiens de Metro, on retrouve Beutel, Goodman & Company, TD Asset Management, RBC Global Asset Management, Jarislowsk­y Fraser, BMO Asset Management, Burgundy Asset Management, le Fonds de pension du Canada, etc.

COUP D’ARGENT

Avec les investisse­urs institutio­nnels comme actionnair­es majoritair­es de Metro, un seul objectif compte : faire le meilleur coup d’argent possible.

Si un prédateur lance une OPA sur Metro, que ce soit un fonds spéculatif ou une multinatio­nale du commerce de détail, les investisse­urs institutio­nnels se laisseront de toute évidence courtiser si le prix offert leur permet de réaliser une intéressan­te plus-value.

Avec son investisse­ment de 4,5 milliards $ dans l’acquisitio­n du Groupe Jean Coutu et son investisse­ment de 400 millions $ dans le développem­ent de son réseau ontarien de distributi­on, Metro devient un incontourn­able au Canada dans les marchés de l’alimentati­on et pharmaceut­ique.

Et voilà pourquoi Metro représente une belle proie.

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