Poëti veut mater le bordel informatique
Les dérapages coûtent cher aux Québécois
Robert Poëti a l’intention de faire le ménage dans les dépenses informatiques du gouvernement et souhaite créer l’autorité des marchés publics le plus vite possible.
À peine entré en poste, l’ancien policier veut se mettre en action. Il compte mettre fin aux appels d’offres truqués en informatique qui ne bénéficient qu’à une seule entreprise.
« On parle de rédaction d’appel d’offres pour dire exactement ce qu’on veut, pour empêcher que des fournisseurs puissent accéder à l’appel d’offres », a dénoncé le nouveau ministre délégué à l’intégrité des marchés publics et aux Ressources informationnelles en entrevue avec le Bureau parlementaire.
Le « bordel informatique » revient cher aux Québécois. Les dépenses informatiques frisent les 3,5 milliards $ par année, et les dépasse- ments de coûts sont la norme.
Un exemple : le projet SAGIR, qui vise la modernisation de tous les systèmes de gestion de l’administration publique québécoise, devait coûter 83 M$. L’état paiera finalement près de 15 fois cette somme. Il a ainsi été rebaptisé « ça chire » par des fonctionnaires catastrophés, avait révélé notre Bureau d’enquête.
RENFORCER LA GOUVERNANCE
C’est ce genre de dérapage que M. Poëti doit éliminer. Il a donc pour mandat de faire adopter le projet de loi 135, qui renforce la gouvernance et la gestion de l’informatique, le plus tôt possible.
La pièce législative a été rédigée par l’ancien président du Conseil du trésor Pierre Moreau, en avril dernier. « On veut l’encadrer [le bordel informatique] », a-t-il lancé.
« Je n’ai pas besoin d’être un expert en informatique. Ce n’est pas Gaétan Barrette qui fait des opérations dans les hôpitaux. Mais je connais les solutions », a-t-il expliqué. Autre diagnostic : il ne veut plus se retrouver « avec des technologies bonnes pour un seul ministère ».
M. Poëti, qui dirigera une équipe de cinq employés, aura aussi le mandat de créer l’autorité des marchés publics, la « police des contrats », comme il l’appelle. Ce projet de loi en est à l’étude article par article, mais est bloqué, car le Bureau de l’inspecteur général de Montréal et d’autres organismes refusent de s’y soumettre.
DAVANTAGE DE POUVOIR
Il s’agit pourtant d’une recommandation phare de la commission Charbonneau. « On veut faire débloquer ça », a dit M. Poëti. Son statut de ministre lui donnera davantage de pouvoir qu’il en avait comme député. Il pourra ainsi aller au Centre de services partagés du Québec pour « voir l’ensemble des appels d’offres et des demandes des ministères ».
Il est d’ailleurs à noter que le grand patron du CSPQ a été relevé temporairement de ses fonctions cet été, trois mois après son arrivée en poste, en raison d’une enquête de L’UPAC qui vise d’anciens cadres de l’organisme.
Robert Poëti compte aussi déposer un projet de loi pour forcer les grands entrepreneurs, incluant le gouvernement, à payer plus rapidement leurs fournisseurs, un mandat qu’il a obtenu comme député.