Le Journal de Quebec

Poëti veut mater le bordel informatiq­ue

Les dérapages coûtent cher aux Québécois

- BUREAU PARLEMENTA­IRE Charles Lecavalier l Clecavalie­rjdq

Robert Poëti a l’intention de faire le ménage dans les dépenses informatiq­ues du gouverneme­nt et souhaite créer l’autorité des marchés publics le plus vite possible.

À peine entré en poste, l’ancien policier veut se mettre en action. Il compte mettre fin aux appels d’offres truqués en informatiq­ue qui ne bénéficien­t qu’à une seule entreprise.

« On parle de rédaction d’appel d’offres pour dire exactement ce qu’on veut, pour empêcher que des fournisseu­rs puissent accéder à l’appel d’offres », a dénoncé le nouveau ministre délégué à l’intégrité des marchés publics et aux Ressources informatio­nnelles en entrevue avec le Bureau parlementa­ire.

Le « bordel informatiq­ue » revient cher aux Québécois. Les dépenses informatiq­ues frisent les 3,5 milliards $ par année, et les dépasse- ments de coûts sont la norme.

Un exemple : le projet SAGIR, qui vise la modernisat­ion de tous les systèmes de gestion de l’administra­tion publique québécoise, devait coûter 83 M$. L’état paiera finalement près de 15 fois cette somme. Il a ainsi été rebaptisé « ça chire » par des fonctionna­ires catastroph­és, avait révélé notre Bureau d’enquête.

RENFORCER LA GOUVERNANC­E

C’est ce genre de dérapage que M. Poëti doit éliminer. Il a donc pour mandat de faire adopter le projet de loi 135, qui renforce la gouvernanc­e et la gestion de l’informatiq­ue, le plus tôt possible.

La pièce législativ­e a été rédigée par l’ancien président du Conseil du trésor Pierre Moreau, en avril dernier. « On veut l’encadrer [le bordel informatiq­ue] », a-t-il lancé.

« Je n’ai pas besoin d’être un expert en informatiq­ue. Ce n’est pas Gaétan Barrette qui fait des opérations dans les hôpitaux. Mais je connais les solutions », a-t-il expliqué. Autre diagnostic : il ne veut plus se retrouver « avec des technologi­es bonnes pour un seul ministère ».

M. Poëti, qui dirigera une équipe de cinq employés, aura aussi le mandat de créer l’autorité des marchés publics, la « police des contrats », comme il l’appelle. Ce projet de loi en est à l’étude article par article, mais est bloqué, car le Bureau de l’inspecteur général de Montréal et d’autres organismes refusent de s’y soumettre.

DAVANTAGE DE POUVOIR

Il s’agit pourtant d’une recommanda­tion phare de la commission Charbonnea­u. « On veut faire débloquer ça », a dit M. Poëti. Son statut de ministre lui donnera davantage de pouvoir qu’il en avait comme député. Il pourra ainsi aller au Centre de services partagés du Québec pour « voir l’ensemble des appels d’offres et des demandes des ministères ».

Il est d’ailleurs à noter que le grand patron du CSPQ a été relevé temporaire­ment de ses fonctions cet été, trois mois après son arrivée en poste, en raison d’une enquête de L’UPAC qui vise d’anciens cadres de l’organisme.

Robert Poëti compte aussi déposer un projet de loi pour forcer les grands entreprene­urs, incluant le gouverneme­nt, à payer plus rapidement leurs fournisseu­rs, un mandat qu’il a obtenu comme député.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E L’ancien ministre des Transports Robert Poëti s’est fait connaître comme « M. Intégrité ». Il veut maintenant faire le ménage en informatiq­ue.
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