Le Journal de Quebec

Se cogner le nez à la porte

- RICHARD LATENDRESS­E richard.latendress­e@quebecorme­dia.com

L’hospitalit­é n’a pas bonne presse ces temps-ci. Un peu partout, les gens font savoir, certains plus fort que d’autres, qu’ils ont le sentiment d’avoir fait le plein d’immigrés, de migrants et de réfugiés. On aime bien montrer du doigt l’administra­tion Trump, mais le réflexe de fermer ses frontières est plus généralisé qu’on le croit.

Puisqu’on parle de lui, c’est sûr que Donald Trump donne le ton avec ses décrets sur l’immigratio­n et ses appels à la constructi­on d’un mur à la frontière mexicaine pour stopper les passages aux États-unis. Comme symbole du refus des étrangers, on peut difficilem­ent faire plus frappant.

Peu i mporte les j ambettes que lui posent les tribunaux, le président américain va de l’avant : des immigrants illégaux, il n’en veut pas et même les légaux, il en veut moins. Il y a une semaine, il est revenu à la charge avec une nouvelle liste de mesures strictes en matière d’immigratio­n, dont l’embauche de 10 000 agents supplément­aires et un resserreme­nt draconien des entrées d’enfants migrants en provenance d’amérique centrale. Même les enfants n’inspirent plus pitié.

DES ANNÉES QU’ON SERRE LA VIS

Il faut toutefois préciser qu’aussi spectacula­ires que puissent être les politiques de Trump, la tendance à accueillir moins d’étrangers avait débuté sous Obama. L’accueil de réfugiés a plus ou moins suivi au cours des dernières décennies les déplacemen­ts mondiaux : si le nombre de migrants augmentait, les États-unis en recevaient plus et s’il diminuait, ils en accueillai­ent moins.

Au cours des dernières années de la présidence Obama, le nombre de réfugiés réinstallé­s aux États-unis n’a pas suivi le rythme croissant de la population mondiale de déplacés. Rien à voir cependant avec ce à quoi veut s’en tenir son successeur à la Maison-blanche. Pour l’instant, en 2017, à peine 28 000 réfugiés ont été reçus par nos voisins du sud ; pour 2018, l’administra­tion Trump veut qu’on s’en tienne à un maximum de 45 000 réfugiés. Des « peanuts » pour un pays de la taille des États-unis !

PAS BEAUCOUP MIEUX AILLEURS

L’allemagne s’apprête aussi à dire Nein! aux désoeuvrés du monde. Parmi les compromis qu’angela Merkel a accepté de faire en vue de monter une coalition gouverneme­ntale à la suite des élections du 24 septembre, le nombre de migrants sera limité à 200 000 par année. Une réduction massive par rapport à 2015, alors que les Allemands avaient laissé entrer 1,3 million de réfugiés et de migrants du Moyen-orient.

La Jordanie est, elle aussi, à son comble. L’épouvantab­le guerre qui ravage la Syrie voisine a poussé 650 000 réfugiés de son côté de la frontière. Human Rights Watch rapportait toutefois au début du mois qu’amman commence à en avoir assez et c’est à coup de centaines que chaque mois, elle expulse ces réfugiés syriens vers un pays, le leur, qui est encore loin de s’être apaisé.

Enfin, il y a des cas où l’inhospital­ité a des allures de misanthrop­ie. Le Japon se distingue sur ce plan. 8561 demandeurs d’asile ont cogné aux portes de l’archipel au cours des six premiers mois de 2017. Savez-vous combien ont été acceptés? Trois! Encore moins qu’en 2016, alors qu’on avait poussé la générosité à en laisser entrer... quatre.

Le Canada sous Justin Trudeau s’est montré particuliè­rement généreux et l’accueil fait à plus de 40 000 Syriens depuis novembre 2015 soulève l’admiration dans le monde. Durera, durera pas? À observer le reste du monde, il est très contagieux le virus du « Pas chez moi ! ».

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