Pire début de saison en 76 ans
Geoff Molson n’étalera pas ses états d’âme sur la place publique.
Donc, dans un point de presse, mercredi, il s’est dit optimiste. Il croit que son équipe possède les effectifs pour atteindre l’objectif de toutes les formations de la Ligue nationale, c’està-dire une participation aux séries éliminatoires. Et Marc Bergevin dans tout ça ? « Marc fait du bon boulot », a dit le président et chef de la direction du Canadien.
Croyez-vous sincèrement qu’il mentionnera que son directeur général se retrouve dans une situation délicate ? Dans un premier temps, je doute que ce soit le cas et, dans un deuxième temps, il se gardera bien de jeter de l’huile sur le feu.
Cependant, il est clair que le président du Canadien, qui n’aime pas quand le public gronde — on l’a vu réagir, il y a quelques années, dans les négociations avec P.K. Subban — demande des explications à son homme de confiance. Ils doivent sûrement avoir une ligne ouverte présentement.
QUE SE PASSE-T-IL ?
Geoff Molson veut savoir. Il a besoin d’être rassuré. Les chauds partisans de l’équipe également.
Mais pour l’instant, il veut des réponses rapides et encourageantes. En fait, que se passe-t-il ? Et, je présume qu’avant même d’obtenir une réponse de la part de son directeur général, il lui a certainement lancé : « Il faut corriger la situation. Ça ne peut pas continuer ainsi. Il faut faire quelque chose, ça presse. »
Les décideurs du hockey professionnel vous diront qu’on ne se qualifie pas pour les séries éliminatoires au mois d’octobre.
Par contre, on peut créer une situation qui viendra vous hanter au mois de mars et au mois d’avril.
Une seule victoire en sept matchs, trois maigres points, la pire attaque de la ligue, une défense vulnérable et un gardien qui ne répond pas aux standards qu’il a lui-même établis.
Ce n’est pas un bilan très reluisant, on l’admettra.
Toutefois, presser le bouton de panique n’est pas la solution.
Comme le veut la loi du sport, quand une équipe s’enlise dans les bas-fonds du classement, il n’y a personne qui va communiquer avec Bergevin pour lui offrir son aide. Au contraire.
On va l’appeler avec l’espoir que, devant la situation qui prévaut présentement avec le Canadien, Bergevin s’enfarge dans les fleurs du tapis.
Donc, bousculer les événements comporte des risques.
Par contre, si on n’y parvient pas, si Claude Julien et ses adjoints n’arrivent pas à stopper l’hémorragie, Bergevin devra éventuellement passer aux actes.
Le temps et les événements lui dicteront une nouvelle stratégie à adopter.
S’il ne réagit pas dans des délais raisonnables, il risque de bousiller la saison de sa formation.
Jusqu’à présent, les changements qu’il a apportés à ses effectifs ne rapportent pas les succès escomptés. Bien au contraire.
Mark Streit a quitté alors qu’il n’aurait jamais dû être embauché. Que fait exactement Ales Hemsky avec le Tricolore ? Il enlève un poste que devrait occuper un jeune patineur présentement avec le Rocket de Laval.
À cela, l’impensable s’ajoute aux inquiétudes de la haute direction : les performances de Carey Price remettent tout en perspective… à partir de l’évaluation des joueurs.
Malgré tout, il y a un point positif.
LES RESSOURCES FINANCIÈRES
Bergevin possède les ressources financières pour corriger la situation. Dans les coffres, il a beaucoup de sous, près de 9 millions de dollars.
S’il attend à la date limite, il pourra alors disposer de près de 35 M$. Cependant, la date limite, c’est très loin et d’ici ce temps, quelles sont les chances pour qu’on parvienne à remettre l’équipe sur les rails avant que l’écart à combler soit trop grand ?
Au niveau des effectifs, peut-il attirer l’attention en plaçant des noms importants dans la vitrine. Et, encore là, qu’obtiendrait-il en retour de « nommez un joueur de votre choix » ?
SORTIR UN LAPIN DU CHAPEAU
Il ne s’agit pas d’échanger quatre vingt-cinq sous pour une « piastre ». Il faut du renfort, il faut qu’on sorte un lapin du chapeau.
Pour l’instant, c’est de trouver un partenaire sérieux. C’est d’identifier ce qui ne fonctionne pas, c’est de prendre des décisions tranchantes.
On a vu Max Pacioretty depuis le début de la saison… non, je recommence. Est-ce qu’on l’a vu ? Le dossier Alex Galchenyuk est encore aussi complexe et ne semble pas progresser dans la bonne direction.
Cette équipe peine à marquer deux buts par match.
Et ce n’est pas d’aujourd’hui. Ne disait-on pas, le printemps dernier, que le Canadien était nul en attaque ? Le problème a-t-il été résolu ?
Certes, Jonathan Drouin est une belle trouvaille, mais l’équation ne fonctionne pas avec Alexander Radulov à Dallas. Encore aurait-il fallu qu’on comble son départ pour améliorer la situation.
Bergevin doit retourner à la planche à dessin et revoir l’évaluation des effectifs. Le moment est bien choisi. Il dirige une équipe ordinaire, une réalité qui éclate puisque son gardien ne fausse pas la donne.
Pour l’instant, le directeur général du Tricolore se retrouve dans un culde-sac. Comment s’en sortira-t-il ?
Le calendrier va lui tendre la main : 12 des 19 prochains matchs seront disputés au Centre Bell.
Est-ce une garantie que l’attaque va éclore ? Euhhh, pas nécessairement. Est-ce une garantie que Price et la défense vont se démarquer ? Euhhh, pas nécessairement. Alors il faudra bien qu’un événement particulier secoue l’équipe…