Le Journal de Quebec

Cinq femmes dénoncent Parent

Une plainte avait même été déposée contre lui chez Cogeco

- NICOLAS SAILLANT ET MARIE-RENÉE GRONDIN Le Journal de Québec et Lejournald­equebec.com

Attoucheme­nts non consentis, avances sexuelles, remarques déplacées, sous-entendus douteux, textos insistants : au moins cinq femmes ayant travaillé avec Gilles Parent ont affirmé au Journal avoir été victimes de harcèlemen­t et de gestes déplacés de la part de l’animateur vedette.

Le Journal a révélé sur le web hier midi que plusieurs femmes affirmaien­t avoir été la cible des agissement­s déplacés de l’animateur vedette et producteur Gilles Parent. La nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans le milieu médiatique, amenant son employeur Cogeco à retirer l’animateur des ondes dans les minutes qui ont suivi.

La foulée de dénonciati­ons dans le sillon des allégation­s concernant Harvey Weinstein, Éric Salvail et Gilbert Rozon a amené Catherine Desbiens, une employée qui a oeuvré avec Gilles Parent, à briser la glace la première, hier. Elle a levé le voile sur les quelque trois années où elle affirme avoir été la cible de harcèlemen­t et de gestes sexuels déplacés de la part de l’animateur.

Les gestes ont été décriés à l’interne lorsqu’une collègue influente, décrite comme le « bras droit » du directeur, est intervenue lors du party après-sondage Numéris du 26 mai 2016, après que l’animateur eut mis une main sur une fesse de la recherchis­te.

« Quand elle l’a vu me pogner une fesse, elle l’a engueulé, engueulé solide ! Elle a dit : “Mon vieux cochon sale!” » relate Catherine Desbiens en entrevue exclusive au Journal. « Elle a dit : “Ça ne passe pas, ça ne passe pas!” Mais moi, je me suis dit “il a tellement fait pire que ça” », ajoute la victime.

PLAINTE

Quelques instants auparavant, au bar, l’employée affirme que l’animateur s’est littéralem­ent « frotté » sur elle alors qu’il était en érection. « Il était vraiment proche de moi, il dit : “C’est fou, c’est fou comment tu es belle ce soir, tu me fais vraiment de l’effet!” et il me montre qu’il est en érection », allègue-t-elle.

Une plainte a ensuite été formelleme­nt faite à Cogeco et une rencontre a eu lieu avec Pierre Martineau, directeur général des programmes, Gilles Parent et la victime. Le comporteme­nt harcelant de l’animateur avait toutefois débuté dès son arrivée en 2013, selon Catherine Desbiens. Des premiers commentair­es de corridors, tels que « t’es cute, je ne te ferais pas mal », ont d’abord été formulés, selon la victime. Vers 2014, alors que la femme travaillai­t dans l’équipe du Retour

de Gilles, les textos déplacés et insistants ont débuté. Catherine Desbiens avoue avoir « joué le jeu ». « Je ne faisais pas ça pour avoir un meilleur job, je faisais ça pour la garder », explique-t-elle.

Gilles Parent a admis des gestes déplacés, mais compte toutefois se défendre ( voir autre texte en page 5).

D’AUTRES CAS

Le Journal a recueilli plusieurs témoignage­s durant les derniers mois. Outre Catherine Desbiens, quatre autres femmes, dont une à visage découvert, ont accepté de raconter comment l’animateur vedette avait agi à leur endroit (voir autre texte en page 4).

Une ancienne employée de Cogeco à Québec, Jessica Normand, a été la cible de plusieurs propos et remarques déplacés de l’animateur vedette. « Continue le beau travail que tu fais maintenant Jess. Anyway, ce n’est pas à cause de ton beau p’tit cul que tu vas avoir ta place en radio, hein ? » a-t-elle raconté.

Deux jeunes employées, à l’époque où Gilles Parent animait à CHOI Radio X, ont aussi témoigné des gestes et propos douteux de l’animateur. — Avec la collaborat­ion de Jean-françois Racine

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Catherine Desbiens a accepté de témoigner à visage découvert. PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E

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