Le Journal de Quebec

L’âme du Canadien est éteinte

Les Romains l’appelaient anima. Au sens propre, le souffle. Mais aussi l’âme.

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On sait ce qu’est l’âme pour l’homme. C’est le souffle de vie. Quand on meurt, on dit qu’on a rendu l’âme.

Mais alors, peut-on parler de l’âme d’une équipe ? Et que serait l’âme d’une équipe ? Sans doute qu’il faudrait revenir au sens premier du mot anima. Le souffle. L’âme d’une équipe, les fans l’appellent l’esprit d’équipe. On parle aussi d’un souffle qui balaie le vestiaire. Qui enflamme le coeur et la déterminat­ion des joueurs.

Combien de fois avez-vous entendu parler de l’âme des Predators de Nashville ou des Penguins de Pittsburgh le printemps dernier ? Du souffle qui charriait les équipes. Du charisme des leaders ?

PERDRE SON ÂME

Vous suivez les matchs du Canadien depuis le mois de septembre. Le début de saison catastroph­ique de l’équipe ne devrait pas être surprenant. Tout le camp d’entraîneme­nt a été pourri et nauséeux. Rappelez-vous de ces défaites à la queue leu leu qu’on expliquait par des alignement­s incomplets.

On aurait dû ouvrir les yeux et réaliser tout de suite que cette équipe avait perdu son souffle. Sa foi. Sa confiance.

Et se poser la seule vraie question qui restait : pourquoi ?

Je ne le sais pas. Carey Price ne le sait pas. Claude Julien ne le sait pas et Marc Bergevin ne veut surtout pas le savoir.

Mais il s’est passé quelque chose. Peut-être que plusieurs joueurs ont été choqués par la façon dont Bergevin et Geoff Molson ont traité Andrei Markov. Le défenseur russe était dans le vestiaire quand tous les joueurs du Canadien sont arrivés avec le club. Même Enrico Ciccone a rencontré Markov la première fois qu’il a mis les pieds dans le vestiaire. Markov ne parlait pas mais il était là.

Mais sans doute que tous les joueurs ont été troublés en voyant que leur patron avait perdu Markov, Alexei Emelin et Nathan Beaulieu sans dénicher de vrais talents pour les remplacer. Combien ont pensé que si c’était tout le respect que Bergevin éprouvait pour ces deux vétérans, alors quel respect pouvait-il avoir pour eux ?

Soit qu’il était méprisant, soit qu’il était incompéten­t.

Ça se peut. Je sais seulement que le souffle d’une équipe doit être animé par la confiance. Si les joueurs ne trouvent pas un leader chez les dirigeants et dans leur vestiaire, ils s’éteignent.

Ils sont éteints.

JULIEN PEUT S’EN SORTIR

Les bons côtés sont rares ces joursci. Au moins, Claude Julien va pouvoir travailler avec des joueurs qui vont l’écouter et ouvrir grand les oreilles. Quand le Canadien connaissai­t des départs canon, comment vouliez-vous que Michel Therrien puisse enseigner quoi que ce soit à ses hommes. Ils gagnaient. Et quand on gagne, on ne change pas une recette gagnante.

Claude Julien est un homme intelligen­t. Il a encore le temps de regrouper ses joueurs et de leur faire prendre conscience de leurs carences. Quand on est le dernier de la ligue, on est plus humble, on écoute le coach.

Au moment d’écrire ces lignes, le Canadien est dernier de la Ligue nationale. Claude Julien en revenant à Montréal va pouvoir reprendre le contrôle de cette équipe. Pas en imposant une nouvelle discipline, en jouant sur la confiance des joueurs, en leur redonnant le plaisir de simplement jouer au hockey et de gagner des matchs.

PROPOS SONGÉS

J’aime beaucoup les commentair­es d’après défaites de Julien. Il reste calme et parle constammen­t de décisions, d’erreurs mentales. Il ne parle jamais de paresse ou de laisser-aller.

C’est dans la tête que le Canadien perd. C’est la tête qu’il faut soigner.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES BEN PELOSSE ?? L’absence d’un leader sur le banc du Canadien se fait sentir depuis le début de la saison.
PHOTO D’ARCHIVES BEN PELOSSE L’absence d’un leader sur le banc du Canadien se fait sentir depuis le début de la saison.

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