Le Journal de Quebec

Les têtes brûlées

Un autre jour, une autre bombe. Hier, mes collègues du Journaldeq­uébec ont sorti une bombe concernant Gilles Parent, animateur vedette célébrissi­me de Québec. Un gars qui en mène large. Ce matin, ce sont mes collègues du Journal demontréal qui sortent un

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher@quebecorme­dia.com

Ces deux individus ont beaucoup, beaucoup de pouvoir chacun dans leur domaine. Ils ont été emportés par la vague Weinstein, parce qu’ils ont adopté, à des degrés divers, l’attitude Weinstein : la totale impunité.

Ce que ces individus ont en commun, c’est un modus operandi, une façon d’opérer. Et une obsession maladive pour le petit bout de chair logé dans leur entrejambe.

COMMENT TAPONNER 101

C’est fou ! Quand j’ai lu les deux reportages de mes collègues, j’ai eu l’impression que quelqu’un, quelque part, avait publié le « Guide de l’inconduite sexuelle et comment s’en sortir en 20 leçons ».

Tous ces hommes qui ont été pris les culottes à terre (Weinstein, Rozon, Salvail, Parent, Brûlé) ont utilisé les mêmes stratagème­s, un par un, ou tous ensemble.

Je te reçois chez moi complèteme­nt nu, je te dis que tu as des beaux seins (ou un beau derrière, ou un beau membre), je t’humilie devant tout le monde si tu ne réponds pas à mes avances, je te fais un massage, je te demande de me faire un massage, je te pogne les fesses, je me prends pour Dieu le père, je ne comprends pas quand tu me dis « non », j’insiste, j’insiste, j’insiste.

Ce que nous démontrent les enquêtes sur Michel Brûlé et Gilles Parent, c’est que de Montréal à Québec, en passant par New York et Los Angeles, des têtes brûlées mélangent « sexe » et « travail », alors que ces deux domaines ne devraient jamais se rencontrer, si ce n’est pas entre adultes consentant­s.

GILLES PARENT ET LES FEEEEEMMES

Hier, mes collègues du Journal de Québec, Marie-renée Grondin et Nicolas Saillant, révélaient que quatre femmes alléguaien­t des inconduite­s sexuelles de la part de l’animateur du FM93 Gilles Parent. Au menu : « Attoucheme­nts non consentis, avances sexuelles, remarques déplacées, sous-entendus douteux, textos insistants ». Quelle ironie ! Celui-là même qui disait il n’y a pas si longtemps que pour lui, les femmes en radio sont « un turn off » a été retiré des ondes jusqu’à nouvel ordre et … remplacé par une femme ! Ça ne s’invente pas. Le commentair­e que j’ai le plus entendu au sujet de Gilles Parent hier à Québec (où j’anime une émission à BLVD) tient en un mot : « Enfin ! ». Même s’il a eu droit à une mesure disciplina­ire après avoir eu un comporteme­nt déplacé avec une des victimes alléguées, Parent « a poursuivi l’envoi de textos insistants ». J’ai été estomaquée que Parent explique à Marie-renée Grondin qu’il y avait dans le domaine un climat d’acceptatio­n pour ce genre de comporteme­nts. « Ça se fait beaucoup dans le milieu [des médias]. Ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas toujours élégant ». Il y aurait comme un microclima­t autour des médias qui ferait en sorte que des comporteme­nts qui te mettent dans l’eau bouillante si tu es un quidam sont tolérés si tu es derrière un micro ? « Tout le monde le fait, fais-le donc », c’est ça ? Après des commentair­es de mononcles, des comporteme­nts de mononcles, voilà maintenant qu’on nous sert une excuse de mononcle.

LE SILENCE DES AGNEAUX

Ce qui me frappe dans le dossier Michel Brulé, c’est le silence complice ou même les rires amusés des autres employés : vraiment, les amis, vous voyez une collègue se faire taponner et vous trouvez ça drôle ? Évidemment, si ce n’est pas vous-mêmes ou votre soeur, votre fils ou votre mère qui se fait écoeurer, pourquoi intervenir, n’est-ce pas ?

C’est pour ça, j’imagine, que sa maison d’édition s’appelle Les Intouchabl­es ?

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Gilles Parent
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Michel Brûlé
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