Le Journal de Quebec

UN VRAI BON FILM DE ZOMBIES

Entre cinéma d’auteur et de genre, Les Affamés est un pur divertisse­ment

-

Il aura fallu attendre longtemps, mais avec Les Affamés, le cinéma québécois a finalement réussi à produire un premier vrai bon film de zombies.

Je dois avouer que je ne savais pas trop à quoi m’attendre avant de voir Les Affamés. Oui, j’avais confiance au talent de cinéaste de Robin Aubert, qui avait démontré de très belles choses avec ses premiers films (dont le poignant À l’origine d’un cri).

Mais je gardais aussi encore au fond de ma mémoire l’échec cuisant du Scaphandri­er, le précédent film de zombies produit au Québec, qui n’avait convaincu personne lors de sa sortie il y a deux ans.

Je me suis rapidement rendu compte que ces deux films ne sont pas du tout du même calibre. Autant dans Le Scaphandri­er, le réalisateu­r Alain Vézina s’était contenté d’offrir une pâle version des films de zombies hollywoodi­ens en mettant en scène des personnage­s caricatura­ux dans une intrigue totalement ridicule, autant avec Les Affamés, Robin Aubert s’est attaqué au genre de façon singulière et intelligen­te pour signer une oeuvre personnell­e et franchemen­t efficace.

Les Affamés nous plonge dans une campagne québécoise où règnent le chaos et la peur depuis que plusieurs habitants de la région ont été infectés d’une mystérieus­e maladie qui les transforme en zombies violents et affamés de chair humaine. C’est dans ce décor post-apocalypti­que qu’un petit groupe de survivants tente de trouver des façons d’échapper à ces morts-vivants qui se font de plus en plus nombreux.

HUMOUR ET HÉMOGLOBIN­E

Robin Aubert a su créer des personnage­s forts et très humains qui n’ont rien des héros qu’on voit dans ce genre de film (ou série) aux États-unis. Son film suit le parcours de Bonin (Marc-andré Grondin), un gars ordinaire qui ne peut s’empêcher de faire des jokes plates même dans les moments les plus dramatique­s, et de Tania (Monia Chokri), une fille de la ville qui a eu le malheur de se trouver à la mauvaise place au mauvais moment.

La signature de Robin Aubert est omniprésen­te dans ce film. On y retrouve son humour noir et décalé, sa poésie brute, ses dialogues savoureux. Il a tourné le film dans son coin de pays (à Ham-nord) et il dit même s’être inspiré de plusieurs de ses amis pour écrire les personnage­s.

Magnifique sur le plan visuel et très soigné au niveau du son et des ambiances, Les Affamés est aussi un pur divertisse­ment qui captive pendant 90 minutes. Aubert a su puiser le meilleur de ce genre de film en misant sur mélange habile de scènes d’horreur, de violence, d’humour et de sensations fortes (je vous mets au défi de ne pas sursauter devant certaines séquences particuliè­rement réussies).

En vrai fan de cinéma d’horreur, il s’est visiblemen­t beaucoup amusé à revisiter le genre. Et heureuseme­nt pour nous, ce plaisir est contagieux.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada