Le Journal de Quebec

Des bottes américaine­s partout dans le monde

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Il y a du bon dans les controvers­es que déclenche quotidienn­ement Donald Trump : il nous force à consacrer du temps à des incidents que nous aurions autrement mis de côté un peu trop vite. La mort de quatre soldats américains au début du mois dans une embuscade au Niger fait partie de ces drames. Des Américains au Niger ?

Le Niger se trouve au coeur du Sahara, loin des traditionn­els points chauds que sont devenus la Syrie, l’irak et l’afghanista­n, et encore plus éloignés du bouillonne­ment nord-coréen. Il est toutefois ancré dans une région qui connaît sa propre effervesce­nce.

Les islamistes de tout poil s’y sont multipliés au cours des vingt dernières années. Boko Haram a forcé, par ces actes de terreur, le déplacemen­t de 2,3 millions de personnes au Nigeria, au Cameroun et au Tchad, tous voisins du Niger.

Au nord et à l’ouest, les extrémiste­s d’al-qaïda au Maghreb islamique s’agitent en Algérie, au Mali et en Mauritanie. Les militants de l’état islamique se démènent aussi tout autour, et notamment en Libye où l’armement accumulé du temps de Kadhafi continue de circuler librement.

LES AMÉRICAINS, « CONSEILLER­S DE GUERRE »

C’est dans cette cohue guerrière que s’inscrit l’engagement américain en Afrique, une prolongati­on de la lutte au terrorisme entamée après les attentats du 11 septembre 2001. Pour chaque déploiemen­t, ils ne sont pas nombreux et le chef de cabinet du président Trump, le général à la retraite de John Kelly, en a précisé la raison en point de presse à la Maison-blanche jeudi.

« Les militaires américains à travers l’afrique travaillen­t avec nos partenaire­s locaux, leur enseignant comment être de meilleurs soldats, comment respecter les droits humains, comment combattre les islamistes de manière à ce que nous n’ayons pas à envoyer nos soldats par milliers làbas. »

Bref, les Américains ne sont généraleme­nt qu’une poignée, quelques dizaines de membres de « Forces spéciales » collés aux militaires locaux – dans ce cas-ci les Nigériens – chargés de les former, de les encadrer et, seulement si le diable prend, de se battre.

Cela dit, dix-huit jours plus tard, on ne sait toujours pas précisémen­t ce que faisaient dans l’ouest du Niger les militaires américains coincés par des combattant­s islamistes, ni pourquoi il a fallu près de deux semaines à Donald Trump pour évoquer publiqueme­nt la mort de quatre d’entre eux, l’opération militaire la plus meurtrière pour ses troupes sous sa présidence.

ILS SONT PARTOUT !

Le déploiemen­t de « Forces spéciales », comme au Niger, c’est la nouvelle façon de mener des guerres sans trop être vu. Le Pentagone continue ses grandes démonstrat­ions de force avec des grands baraquemen­ts, des milliers de soldats et des tonnes d’équipement prêt à être utilisé.

Les États-unis, par exemple, ont plus de 38 000 soldats stationnés au Japon, 34 000 en Allemagne, 24 000 en Corée du Sud. Ils sont là pour contenir les Chinois, décourager les Nord-coréens ou refouler les Russes, si l’envie leur reprenait de franchir les frontières vers l’europe de l’est.

Les « Forces spéciales », elles, atteignent à peine 8000, mais agissent chaque jour partout dans le monde. Au Moyen-orient, 5000 militaires participen­t aux opérations sans qu’on en connaisse les détails. En Afrique, ils sont plus de 1300, trois fois plus qu’il y a cinq ans. Ni vus ni connus, c’est un autre volet de cette interminab­le « guerre à la terreur ».

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