Un futur dentiste vite sur ses patins
Alexandre St-jean conjugue études et sport de haut niveau
À l’université ou sur une glace, Alexandre St-jean fréquente les bonnes écoles pour comprendre l’importance de la précision dans le geste.
Cette minutie dans le mouvement qui l’a hissé dans l’élite mondiale du patinage de vitesse et lui permet de cogner à la porte des Jeux olympiques est la même qui devra rassurer les futurs patients qui s’abandonneront à lui sur son fauteuil de dentiste.
« Le lien est facile à faire entre les deux. Au patin, il faut être perfectionniste dans la technique pour trouver ce que je peux corriger et retrancher des centièmes de seconde. Il faut le même travail parfait en dentisterie. Si tu tailles une dent et que tu la laisses croche, elle ne tiendra pas et finalement le pauvre gars, il va la perdre sa dent ! », illustre le patineur de 24 ans, qui participera à la première Coupe du monde de la saison à Heerenveen aux Pays-bas, du 10 au 12 novembre.
GRANDE FIERTÉ
Cette explication toute simple vient d’un homme qui a redéfini le code des sacrifices en s’imposant des semaines de plus de 60 heures, partagées entre ses études en médecine dentaire à l’université Laval et la commande d’entraînement et des compétitions de l’équipe canadienne de longue piste. Son deuxième rang à l’épreuve sans pitié du 1000 m aux sélections pour la Coupe du monde, la semaine dernière à Calgary, a révélé les limites qu’il pourrait repousser en s’investissant à temps plein dans son sport. Après deux ans à bosser dur, St-jean a choisi en cette année olympique d’alléger sa charge d’études afin d’augmenter ses chances de se qualifier pour les Jeux à Pyeongchang. Avec seu- lement quelques projets « ça et là à l’école », on devine la qualité accrue d’entraînement qu’il s’est donnée, ce qui était plus ardu durant une session de six cours.
« Ma plus grande fierté, c’est de réussir dans deux programmes difficiles », avoue le spécialiste du sprint, qui a tout de même participé à quatre Coupes du monde et aux championnats mondiaux la saison dernière.
« Mais tout ça, c’est grâce à des enseignants compréhensifs et à mon entraîneur qui est permissif. Il y a un de mes enseignants qui aime le sport, mais il ne me donnera jamais un laissez-passer sous prétexte que je pratique le patin de haut niveau. Jamais. Tout ce que les autres étudiants font, je le fais. Et c’est correct ainsi. Alors pour réussir, je n’ai pas le choix, je dois organiser mes affaires et étaler mes études. »
PRIORITÉ À L’ÉCOLE
Cette parenthèse d’une année dans son parcours académique survient à mi-chemin de son doctorat. Au terme de la saison de patin, il entend plonger à nouveau dans un lourd agenda, avec notamment des travaux cliniques auprès de patients, avec la volonté de décrocher son diplôme dans deux ans.
« C’est bon d’avoir dans sa vie autre chose que seulement du patin. Avec la charge scolaire que j’avais, c’était clairement trop pour être optimal au patin, mais si c’était à refaire, je ne changerais absolument rien. Pour moi, l’école a toujours été une priorité. Tu ne gagnes pas ta vie en faisant seulement du patinage de vitesse, même si j’adore patiner. Ça demeure un jeu pour moi », explique-t-il.
« J’ai un plan qui est tracé et qui va bien jusqu’à maintenant. Le plus difficile, je l’ai vécu l’année dernière, autant mentalement et physiquement. J’ai souvent été parti en Coupe du monde, mais ma tête était à Québec. J’étais ailleurs, alors que j’avais à l’esprit tout ce que j’allais devoir faire à mon retour. »
Sur un mur de son cabinet qu’il prévoit ouvrir un jour, Alexandre St-jean se voit déjà y accrocher deux diplômes : docteur en dentisterie et olympien.