Le Journal de Quebec

Jour historique à l’assemblée nationale

Le président Jacques Chagnon demande à ce que « des accusation­s soient portées ou des excuses soient faites »

- CHARLES LECAVALIER

Dans un moment historique, les élus de l’assemblée nationale se sont rangés derrière le président Jacques Chagnon, qui a dénoncé le traitement réservé à Guy Ouellette, contre qui aucune accusation n’a été portée une semaine après son arrestatio­n.

« Un député a perdu une charge importante et sa réputation a été entachée. [...] Que des accusation­s soient portées ou que des excuses publiques soient faites, qu'on accuse ou qu'on s'excuse », a lancé M. Chagnon hier au Parlement.

À la suite de sa déclaratio­n fracassant­e, les élus de tous les partis se sont levés en bloc et l’ont longuement applaudi dans un inhabituel geste d’unité.

Il est très rare que le président de l’as- semblée nationale se prononce sur des événements d’actualité. Il est encore plus exceptionn­el que le président de la branche législativ­e de l’état se retrouve en choc frontal avec un autre pouvoir : celui de la police, qui relève de l’exécutif.

Plus tôt, le premier ministre Philippe Couillard avait demandé à L’UPAC de fournir « le plus de précisions possible » sur les motifs de l’arrestatio­n de Guy Ouellette.

DÉRIVE TOTALITAIR­E

Dans son discours, M. Chagnon indique qu’il craint les risques « de dérive totalitair­e » si les corps policiers ne sont plus redevables au Parlement. Il est allé jusqu’à dire qu’il n’y a qu’une seule victime pour le moment : le député Ouellette, arrêté mercredi dernier, mais qui n’est accusé de rien (voir texte en page 2).

La question qu’il soulève est grave puisque M. Ouellette, avant d’être arrêté, était président de la commission des institutio­ns, dont le rôle est de superviser les corps policiers.

« S’ils ont pris la décision d’appâter un parlementa­ire, le président de la commission, qui était justement en train d’étudier leur situation, ça soulève des questions assez intéressan­tes et importante­s en termes d’éthique et de fonctionne­ment pour l’organisati­on policière », a-t-il indiqué en fin de journée.

C’est aussi la notion de privilège des députés qu’il compte défendre devant les tribunaux pour empêcher L’UPAC d’utiliser le contenu du téléphone et de l’ordinateur de M. Ouellette, saisis par les policiers.

RIEN APPRIS

Quant au point de presse de L’UPAC (voir autre texte en page 5 ), Jacques Chagnon y accorde peu d’importance.

«Avez-vous appris quelque chose? Moi je n'ai rien appris. » Il qualifie de « malsain » l’absence de volonté du commissair­e Robert Lafrenière de se presser pour déposer des accusation­s ou blanchir M. Ouellette.

« Ça ne peut pas durer longtemps. Je suggère à L’UPAC de sortir ses accusation­s s’ils ont des choses à dire. Je ne parlerai pas en termes d’heure, mais ça ne peut pas être long », a-t-il indiqué.

Il doute même de la parole des dirigeants de L’UPAC, qui affirment avoir eu toutes les autorisati­ons d’un juge de la Cour du Québec pour procéder à cette opération.

« Je ne suis pas certain de ça », a-t-il laissé tomber.

« En 10 ans de vie parlementa­ire, c’est la première fois que j’entends un discours aussi fort, aussi clair, aussi net, aussi puissant de la part d’un président de l’assemblée nationale. Je n’ai pas senti que ça avait été assimilé dans le discours de L’UPAC. […] Je sens que l’orgueil de L’UPAC est touché. » - Pascal Bérubé, leader parlementa­ire du Parti québécois

« Nous avons été agréableme­nt surpris par un président de l’assemblée nationale qui a su être à la hauteur de la situation. [...] On a vécu un moment historique. […] L’UPAC ne peut pas entretenir le doute sur Guy Ouellette. » - Amir Khadir, député solidaire de Mercier

« Maintenant, on a deux versions. On a celle de L’UPAC, on a celle de Guy Ouellette. Il y a plein de zones grises. […] Les parlementa­ires doivent aller au bout de cette histoire et rassurer la population. » - François Bonnardel, leader parlementa­ire de la Coalition avenir Québec

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Le président de l’assemblée nationale Jacques Chagnon a été longuement ovationné hier par tous les élus après sa déclaratio­n fracassant­e, où il somme L’UPAC de bouger. PHOTOS CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES ET SIMON CLARK

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