Le Journal de Quebec

Saine confrontat­ion

- RÉMI NADEAU Chef du Bureau parlementa­ire à Québec remi.nadeau@quebecorme­dia.com

Le président de l’assemblée nationale, Jacques Chagnon, a pris tout le monde par surprise, même les députés, en lançant à L’UPAC un message fort, soit de respecter les droits des élus, qui a rallié tous les partis dans un moment historique.

Le député libéral de Westmount– Saint-louis était à l’étranger la semaine dernière au moment de la controvers­ée arrestatio­n de son collègue de Chomedey, Guy Ouellette.

À son retour, ayant pris connaissan­ce de ce qui s’était produit, il a réfléchi et a écrit durant la fin de semaine son discours coup-de-poing.

En constatant que la troupe de Robert Lafrenière gardait le silence, près d’une semaine après avoir intercepté un élu, Jacques Chagnon s’est senti convaincu de la nécessité de sa sortie.

Il n’a jamais averti les partis politiques de son intention d’intervenir au Salon bleu.

« Même lorsqu’il a commencé à parler, on ne s’attendait pas à quelque chose d’aussi puissant », a confié un membre de la garde rapprochée du chef du Parti québécois, Jean-françois Lisée.

Plus tôt dans la journée, le premier ministre Philippe Couillard avait poliment enjoint L’UPAC à donner « le plus de précisions possible » sur l’arrestatio­n.

Comme pour expliquer le ton plus timide de son interventi­on, M. Couillard a rappelé en chambre qu’il s’était exprimé en tenant compte du principe sacré de la séparation des pouvoirs.

Il aurait été mal avisé d’avoir l’air de donner un ordre à un corps policier.

COUP DE CANON

En comparaiso­n, la sortie du président Chagnon était un véritable coup de mortier. Avec, à la fois, hauteur et dignité.

L’acte de défiance du président a été bien accueilli au sein du gouverneme­nt.

« C’est un avertissem­ent aux corps de police… on ne se met pas le nez dans vos enquêtes, mais vous devez respecter les droits des élus », dit-on.

Bien sûr, les politicien­s ne sont pas au-dessus des lois.

Mais Jacques Chagnon a pris soin de souligner qu’il est « difficilem­ent supportabl­e qu’un citoyen soit arrêté sans que des accusation­s soient rapidement portées », avant d’étendre le même principe aux parlementa­ires, dont il est le défenseur des droits.

LA SUITE

La CAQ salue le discours « bien senti » du président, mais éprouve un malaise devant la bataille qui s’annonce sur la possibilit­é de saisir ou non le téléphone d’un député.

Le parti de François Legault craint la création d’un dangereux précédent.

La suite sera à surveiller avec attention.

Guy Ouellette, lui, n’a pas profité de l’immunité parlementa­ire au Salon bleu pour faire des révélation­s supplément­aires.

Il s’est contenté de clamer son innocence et de se dire victime d’un coup monté de L’UPAC.

Mais l’avertissem­ent du président Jacques Chagnon lance le signal que les parlementa­ires ne se laisseront pas faire.

Le Québec assiste à la mise en jeu, pour une rare fois, d’une saine confrontat­ion entre le pouvoir politique et les forces policières.

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La courageuse sortie du président de l’assemblée nationale, Jacques Chagnon, a rallié les élus de tous les partis.

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