Le Journal de Quebec

Obliger à protéger le caribou

Ottawa pourrait imposer aux provinces un plan de protection à l’échelle du pays

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Le gouverneme­nt fédéral pourrait forcer les provinces à protéger l'habitat du caribou forestier. Il se donne jusqu’au printemps pour évaluer la situation de cet animal en déclin.

« Il y a des juridictio­ns qui ne prennent pas au sérieux cette menace, qui pensent que le gouverneme­nt fédéral n’aura pas le courage d’aller jusque-là, mais je ne parierais pas là-dessus », prévient Martin-hugues St-laurent, directeur de recherche en écologie animale à l'université du Québec à Rimouski.

En conférence de presse hier, Marie-josée Couture, du Service canadien de la faune, a souligné que si la ministre de l’environnem­ent, Catherine Mckenna, juge que les efforts de protection des provinces ne sont pas suffisants, elle pourra recommande­r un plan de protection fédéral, en vertu de la Loi sur les espèces en péril.

La ministre se donne jusqu’à avril pour évaluer le travail des provinces et éventuelle­ment prendre des mesures supplément­aires.

ACTION URGENTE DEMANDÉE

Louise Hénault-éthier, de la Fondation David Suzuki, critique le nouveau délai accordé aux provinces, cinq ans après l’adoption d’un plan de rétablisse­ment national. « Les délais s’accumulent. Il n’y a rien qui a été fait en cinq ans, on ne va rien gagner à attendre quelques mois de plus », dit-elle.

« L’attente a assez duré, et il est urgent de passer à l’action pour rétablir le caribou forestier et délivrer les communauté­s forestière­s de l’incertitud­e qui pèse sur eux depuis des années dans ce dossier », renchérit Pier-olivier Boudreault de la Société pour la nature et les parcs (SNAP).

Cinq ans après l’adoption d’un programme fédéral de rétablisse­ment du caribou forestier, aucune des 51 hardes du pays, y compris celles du Québec, n’a amélioré son sort, d’après le premier rapport quinquenna­l dévoilé hier à Ottawa.

Sur 31 population­s pour lesquelles des données sont disponible­s, pas moins de 20 accusent un déclin alors que 10 sont stables, précise le document d’environnem­ent Canada. « Après cinq ans, on doit constater que la population globale du caribou continue son déclin à cause des perturbati­ons dans son habitat », ont indiqué des hauts fonctionna­ires du Ministère.

Certaines des population­s les plus faibles en nombre auront même besoin de plusieurs décennies avant d’atteindre leur seuil de rétablisse­ment, selon le rapport.

« Il n’y a rien de sérieux qui a été mis de l’avant pour protéger l’espèce. Il y a eu des actions dans les bureaux, les scientifiq­ues ont été interpellé­s, mais il n’y a rien qui a changé sur le terrain ». Rien pour surprendre M. St-laurent.

Pour lui, il faut conserver les massifs forestiers non perturbés et renaturali­ser les paysages, notamment en reboisant les chemins forestiers qui permettent aux prédateurs de mieux accéder aux caribous.

Le chercheur souligne que la conservati­on de l’espèce crée des d’emplois.

« La machinerie qui construit les chemins, c’est la même qui les déconstrui­t. Les mêmes travailleu­rs peuvent faire partie de la solution », dit-il. — Avec la collaborat­ion

de Maxime Huard

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PHOTO D’ARCHIVES Cinq ans après l’adoption d’un programme de rétablisse­ment du caribou forestier, aucune des 51 hardes du pays, y compris celles du Québec, n’a amélioré son sort.

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