DISCOURS DE JACQUES CHAGNON
Et je voudrais ouvrir une parenthèse. Ça fait 32 ans que je suis membre de ce Parlement, et je n’ai jamais vu ce que j’ai vu depuis une semaine. J’ai consulté mon collègue qui a plus d’ancienneté que moi. Il n’en a pas vu plus que moi, de ce genre de situations.
Alors, dans ces circonstances, il m’apparaît obligatoire de vous faire part de mon point de vue sur cette affaire. Dans un État libre et démocratique, il est difficilement supportable qu’un citoyen soit arrêté sans que rapidement des accusations soient portées, l’arrestation n’étant pas un caprice ni un jeu. Son effet prend rapidement une dimension publique et crée des doutes sur la probité des individus.
Il y a maintenant plusieurs années, vous m’avez choisi comme votre président. Vous m’avez accordé unanimement deux fois, deux autres fois, votre confiance. Une partie de mon rôle est de protéger les droits et privilèges des membres de ce Parlement. Je me trouve à être le gardien et le défenseur de vos droits, de chacun d’entre vous. J’affirme donc qu’il m’est intolérable que la police ait arrêté un parlementaire sans qu’aucune accusation n’ait été portée contre lui une semaine plus tard.
Un parlementaire doit jouir de sa pleine liberté pour faire son travail, quel que soit le sujet qui le préoccupe et dont il fait le suivi, y compris le travail policier. Il doit être capable de le faire sereinement et en toute tranquillité d’esprit… Les corps policiers et leurs unités doivent être redevables à leurs responsables politiques et au Parlement, sinon on accroît de beaucoup les risques de dérive totalitaires. Je me battrai pour chacun d’entre vous qui pourrait être victime d’intimidation. Je vois des États où ces choses existent, mais pas chez nous. Enfin, je souhaite ne pas me tromper. Aujourd’hui, un député a perdu une charge importante et sa réputation a été entachée. Je pense que nous devons exiger que la clarté sur cette situation soit établie de façon urgente, que des accusations soient portées ou que des excuses publiques soient faites, qu’on accuse ou qu’on s’excuse, sinon cette Assemblée devra prendre les moyens pour défendre les fondements mêmes de son existence, soit la liberté, la justice et la démocratie. Merci.