Le Journal de Quebec

Au jour le jour, réécrire l’histoire

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Cette administra­tion – ce gouverneme­nt Trump, si vous préférez – entretient depuis son tout premier jour une relation floue, confuse avec la réalité. Et je suis charitable. On a cru qu’au fil des semaines, les choses allaient s’améliorer, que les amateurs catapultés à l’avant-scène allaient finir par céder la place à des gens plus compétents, moins fantasques. 284 jours plus tard, eh ben, non !

Cette présidence n’avait pas une journée complète dans le corps que le tout nouvel occupant de la Maison-blanche pétait un plomb et forçait son porte-parole d’alors à aller mentir devant les journalist­es sur le nombre de spectateur­s à sa cérémonie d’investitur­e.

« La plus grande foule à avoir jamais assisté à une assermenta­tion, point final ! » Avec ces quelques mots, Sean Spicer, le secrétaire de presse qui devait lever les pattes six mois plus tard, avait dilapidé sa réputation.

DE LA POUDRE AUX YEUX

Aujourd’hui, non seulement cette Maison-blanche, plus souvent qu’autrement, continue de nier les faits, mais répond également à ses critiques en leur lançant d’autres allégation­s à la gueule. Dernier exemple en date: l’ingérence de la Russie dans l’élection présidenti­elle. Il n’y a, sur cette ingérence, aucun doute.

Les agences de renseignem­ent au service du président – le FBI, la CIA, la NSA et tant d’autres – l’ont confirmé sur toutes les tribunes. L’enquête du procureur spécial, Robert Mueller, vise à déterminer si cette implicatio­n russe s’est faite de connivence avec la campagne de Trump. Si le président n’a rien à se reprocher, il n’a rien à craindre.

Loin de laisser les enquêteurs faire leur travail, Trump n’a pas cessé de les narguer – sur Twitter, bien sûr – dénonçant ce qu’il perçoit comme une chasse aux sorcières. Et à ses attaques, il a récemment attaché une histoire totalement discrédité­e, mais que les médias conservate­urs continuent de pousser : l’idée qu’hillary Clinton, en tant que secrétaire d’état, a vendu à la Russie 20 % de l’uranium américain.

L’histoire ne tient pas la route, mais pour Donald Trump, il s’agit du plus grand scandale depuis le Watergate. Ses partisans crient au meurtre, de nombreux Américains sont tout mélangés et un immense brouillard se lève chaque fois maintenant que la Russie est évoquée dans l’actualité.

LES RACISTES, DES BONS GARS !

Le chef de cabinet de Donald Trump, le général à la retraite John Kelly, est allé encore un peu plus loin, hier soir, soutenant sur les ondes de Fox News que la Guerre de Sécession était la conséquenc­e d’un « échec à faire des compromis » entre le Nord et le Sud. Comme s’il y avait un compromis à envisager sur le droit de posséder des esclaves. La simple idée rend malade. Ce réflexe de contorsion­ner la réalité, la vérité, a littéralem­ent fait crier hier, en pleine salle de presse, une des correspond­antes les plus aguerries de la Maison-blanche. April Ryan, de l’american Urban Radio Networks, incapable d’obtenir une réponse à sa question, s’est mise à la hurler à la tête de Sarah Sanders, secrétaire de presse de Trump : « Cette administra­tion pense-t-elle que l’esclavage était une mauvaise chose ? » Elle a demandé et redemandé, mais Sanders a décampé sans répondre.

Ce qui est doublement tragique, c’est que John Kelly fait partie de ces fameux « adultes dans la pièce », qui devraient inspirer confiance à ceux qui doutent du tempéramen­t de Donald Trump. Je vous jure, on est mal amanché !

La Maison-blanche, plus souvent qu’autrement, continue de nier les faits, mais répond à ses critiques en leur lançant d’autres allégation­s à la gueule.

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PHOTO AFP Le chef de cabinet de Donald Trump, le général à la retraite John Kelly, a soutenu que la Guerre de Sécession était un « échec à faire des compromis » entre le Nord et le Sud.

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