Le Journal de Quebec

Garanties remboursab­les de Sears : perdues à jamais ?

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Vous avez acheté une garantie remboursab­le chez Sears. Bonne chance pour obtenir votre remboursem­ent !

Comme des milliers de consommate­urs, lorsqu’isabelle Petit a acheté des électromén­agers et un sofa chez Sears, en avril 2015, elle a accepté la garantie prolongée de cinq ans de 1037 $, parce qu’elle était échangeabl­e contre un coupon d’achat chez Sears, à l’échéance de la garantie. Elle effectue la transactio­n avec sa carte de crédit Sears.

Fin 2015, la Banque Scotia achète toutes les activités de carte de crédit de Sears, alors assumées par la banque américaine JP Morgan Chase. La carte Sears de Mme Petit devient une carte Mastercard Banque Scotia.

Il y a quelques semaines, à l’annonce de la faillite de Sears Canada et de sa liquidatio­n, Mme Petit se pointe chez Sears. Au comptoir, on lui remet un numéro de téléphone qui lui permettrai­t d’échanger sa garantie prolongée pour un coupon échangeabl­e pour de la marchandis­e. Elle poireaute au téléphone durant des heures… pour se faire dire que la date limite est dépassée !

Il lui reste alors neuf paiements à venir sur sa carte. Or, le liquidateu­r de Sears a publiqueme­nt averti que les garanties ne seraient plus honorées par le détaillant. « Je me trouve à payer pour une garantie que personne n’honorera, dit-elle. Et je perds sa valeur d’échange. »

Mme Petit appelle au numéro inscrit au dos de sa carte de crédit et obtient, du départemen­t de contestati­on, un remboursem­ent de 856 $, soit la valeur résiduelle de la garantie pour les mois qui viennent. Trois jours plus tard, l’émetteur l’avertit qu’elle ne touchera jamais ses 856 $ « parce que le délai de contestati­on de 540 jours est écoulé ». Elle exige des détails et on la réfère au site de MasterCard.ca… où elle ne trouve rien. Personne ne peut lui répondre chez Mastercard.

INACCEPTAB­LE

Payer pour un service qu’on n’obtient pas est inacceptab­le. Comme le contrat de garantie était au nom de Sears (et non à celui d’un sous-traitant), il sera difficile de poursuivre aux petites créances un détaillant qui aura bientôt disparu.

Impossible également d’obtenir une rétrofactu­ration, puisque la transactio­n n’a pas été réalisée à distance, comme le précise la Loi sur la protection des consommate­urs.

POURQUOI CE REFUS ?

Mais comme les cartes de crédit se vantent d’offrir des protection­s pour des achats ou des services dont on ne bénéficie pas, pourquoi Mastercard refuse-telle un remboursem­ent ?

D’autant plus que j’ai fouillé dans les convention­s de différente­s cartes Mastercard (dont la mienne), et nulle part n’indique-t-on un délai de contestati­on de 540 jours.

On précise que s’il a un différend avec un marchand, le détenteur doit s’entendre avec lui sans espérer de dédommagem­ent de l’émetteur de la carte.

Mais qu’arrive-t-il quand le marchand a disparu et que le paiement continue ? Personne, à la Banque Scotia, ne m’a rappelé avant de mettre sous presse.

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Spécialist­e en consommati­on Stéphane Desjardins

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