Droit au but
L’humoriste Guy Nantel lançait hier soir son 5e spectacle en carrière
Pour Guy Nantel, aucun sujet n’est tabou, même pas la culture du viol ni la vague de dénonciations de harcèlement sexuel qui déferle sur l’industrie depuis deux semaines. Son nouveau spectacle, Nos droits et libertés, contient un numéro sur le consentement, dans lequel il est question de Gilbert Rozon, d’éric Salvail et même d’alice Paquet.
L’humoriste lançait son spectacle hier à la salle Albert-rousseau, le premier, d’ailleurs, à faire une première médiatique depuis les allégations contre Gilbert Rozon.
Nantel a d’abord déploré que la société mette tous les hommes dans le même panier. Il s’est ensuite interrogé sur les limites du consentement, affirmant qu’il va « falloir faire ça chez le notaire », désormais.
Guy Nantel a ensuite solidement écorché les ambiguïtés dans la cause médiatisée d’alice Paquet et du député Gerry Sklavounos, soulevant le fait qu’elle était une ex-prostituée.
« Quelle débandade », a-t-il commenté sur les vies « finies » de Rozon et Salvail. « Mais quel gars ici n’a jamais déposé son pénis sur le bureau d’un collègue pour faire avancer un dossier ! » a-t-il ironisé.
DU CONTENU INTELLIGENT
Malgré les nombreux terrains glissants sur lesquels l’humoriste s’est aventuré dans la soirée, le public a été hilare.
Nos droits et liberté est un spectacle étoffé dans lequel l’humoriste va droit au but et tire à boulets rouges, d’un même souffle, sur les plus sujets les plus chauds. Dire que Nantel est en grande forme est presque un euphémisme. Débarqué sur scène presque en criant, avec un débit quasi trop rapide, il n’a pas pris une seule gorgée d’eau pendant 1 h 45.
Il nous a balancé ses critiques sociales d’un seul trait. Nous levons notre chapeau à son habileté notable. Comme il nous le fait remarquer, c’est « un show qui demande un minimum d’attention. On n’est pas à Dominic et Martin, là », lance-t-il.
« C’est un des soirs les plus importants en 30 ans de carrière. C’est un show difficile à faire », a-t-il confié à la fin du spectacle. Ses efforts en valent franchement la peine et ses efforts ont été récompensés par un public hilare du début à la fin.
RELIGION ET POLITIQUE
Qu’il y avait du contenu dans ce spectacle un peu étourdissant, en fin de compte ! Impossible de tout énumérer ici.
Avant le numéro sur le consentement, Guy Nantel avait longuement élaboré sur la liberté de culte, alors qu’il affirme souhaiter être un gourou. On ne gâchera pas le punch, mais le public est interpellé chaque fois qu’il prononcera le mot gourou.
L’histoire de Jésus a abouti sur les scandales sexuels de l’église. « Les curés qui parlent contrent les gais, c’est comme un végétarien qui parle contre les légumes. »
PLUS CORROSIF QUE JAMAIS
Comme à son habitude, il n’y a pas grandchose qui est passé sous son radar, que ce soit La Voix, Raël, le Doc Mailloux, ou ses collègues Sugar Sammy, Louis-josé Houde… et même Jérémy Gabriel, qu’il ne nommera pas. « Il peut poursuivre. Ça m’est égal. Je ne vais pas aller brailler comme Ward », a-t-il lancé.
Puis, il s’est attaqué à la liberté d’expression des humoristes, aux courriels haineux, au système démocratique et il égratigne solidement les Québécois, des « mollassons » qui ont autant de volonté qu’une « lavette » et qui « carburent à la bullshit ». « Qui ici a déjà lu un programme de politiciens ? »
Même quand il parle de trisomie, ça passe bien auprès des spectateurs, avec qui il improvise parfois dans les premières rangées. Susceptibles s’abstenir, mais sinon, le spectacle de Guy Nantel promet sans doute d’être un des meilleurs de l’automne.
« C’est un des soirs les plus importants en30ansde carrière » – Guy Nantel