Le Journal de Quebec

La démocratie en 2017

- CLAUDE VILLENEUVE

On aura finalement eu droit à une campagne municipale montréalai­se beaucoup plus enlevante que prévue, alors que l’enthousias­te tortue Plante pourrait bien coiffer au poteau le grognon lièvre Coderre.

Les analystes ont mal évalué les forces en présence. C’est le cas également des appuis de dernière minute venus à la rescousse du candidat préféré des élites traditionn­elles montréalai­ses.

INGRAT ?

L’argument récurrent, c’est qu’il serait ingrat de ne pas donner un deuxième mandat à Denis Coderre, compte tenu des progrès réalisés par la Ville sous sa direction.

Ceux qui pensent aider leur candidat en disant cela démontrent qu’ils comprennen­t très mal la démocratie occidental­e de ce premier quart du vingt et unième siècle.

Il suffit de regarder les résultats des plus récentes élections que nous avons suivies. Le Parti Québécois pensait être majoritair­e en déclenchan­t des élections en 2014, il a subi une dégelée historique. Justin Trudeau partait troisième en 2015, avant de gagner avec une large majorité.

Même chose aux États-unis, où Trump l’a emporté à la surprise générale, et en Grande-bretagne, là où le Brexit a passé et où, peu de temps plus tard, Theresa May a déclenché des élections en croyant accroître sa majorité et a fini tout près du seuil de la minorité. Rebelote en France où un homme inconnu un an plus tôt a battu les grands barons des autres partis.

PAS DE DROITS ACQUIS

Ce qui se passe, c’est qu’une part grandissan­te des électeurs n’a plus envie de jouer dans le scénario qu’on écrit pour eux. Voter contre le gagnant arrogant trop sûr de sa victoire devient en soit une source de motivation.

Depuis longtemps, on oublie que les électeurs ne votent jamais en reconnaiss­ance pour le passé, mais bien pour une promesse d’avenir. Dans la démocratie de 2017, plus que jamais, il n’y a pas de droits acquis, rien qui nous est dû.

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