L’air du temps
» Il faut se demander si la frénésie qui s’empare de nos esprits alors que les nouvelles calamiteuses nous tombent dessus quotidiennement ne provoquera pas une désensibilisation des gens.
La crise politico-policière qui a mis l’assemblée nationale sens dessus dessous, qui est vraiment capable de la comprendre ? Des personnages en position d’autorité usent des médias comme des acteurs d’expérience. Cette semaine, des policiers de L’UPAC, drapés dans une indignation colérique, sont apparus pour s’imposer en pourfendeurs du mal. Mais on n’en a pas su davantage.
Le député Ouellette, homme aussi exalté qu’indigné, joue le rôle de la victime expiatoire. Mais de quoi ? Le président Chagnon s’élève au-dessus des débats en parlant de vérité et de dignité. Le dauphin de Philippe Couillard, le ministre Pierre Moreau, dans un geste à la Zorro fracasse l’image de sauveur des institutions qu’incarne Jacques Chagnon. L’opinion publique et les chroniqueurs eux-mêmes sont submergés de sentiments contradictoires. Car la raison déraisonne.
RAPPORTS SEXUELS
Les dénonciations d’hommes aimés, admirés, respectés du grand public pour des motifs d’agressions sexuelles s’empilent. La chasse aux prédateurs contrairement à celle des orignaux ne sera pas saisonnière. Nous sommes entrés dans une dimension nouvelle qui exige une redéfinition profonde des rapports sexuels. Ce qui obligera les femmes à s’interroger sur cette sexualité masculine pulsionnelle qui les transforme en proies, éventuellement en victimes.
À cet égard, les hommes que choquent ces comportements inqualifiables doivent désormais prendre la parole pour ne pas laisser les femmes monter seules au créneau. Le problème est que nombre d’hommes dits non déviants en la matière ont trop souvent des reproches à se faire sur des gestes posés à un moment donné dans leur vie de séducteur.
CANADIANISATION
René Lévesque, dont c’était le 30e anniversaire de la mort cette semaine, ne serait plus qu’un nom de rue pour les jeunes générations. Certains historiens comme Paul-andré Linteau croient que c’est normal. Les photos des anciens premiers ministres péquistes qui se sont réunis à Montréal pour lui rendre hommage semblaient sortir d’un passé lointain. Ils incarnent le Québec de l’enracinement, des réussites collectives. Or la société québécoise s’est « canadianisée ». Elle repose sur l’individualisme, les regroupements ethnoculturels et le reflux de la mémoire collective. Le PQ aujourd’hui ressemble à une photo jaunie de têtes blanches honorables, certes, mais usées par leur rêve brisé.
La relève est fringante cependant. Elle est jeune, bilingue à souhait, en ce sens qu’elle parle deux langues à la fois ou qu’il faut comprendre l’anglais pour déchiffrer le français. Les meilleurs exemples sont Justin Trudeau dont le déguisement serait plutôt son image courante : Superman est son authentique moi. Et Mélanie la jolie qui aurait pu se déguiser mardi en fée des étoiles Netflix. Ces deux adolescents politiquement surclassés enfoncent la culture canadienne avec une efficacité redoutable dans un modèle mondialiste où Google, Facebook et d’autres occuperont bientôt le poste de ministre du Patrimoine du Canada. L’air du temps fuit vers le vide de la distraction.