Le Journal de Quebec

Un appareil garantit une baignade sans matière fécale

Une invention autrichien­ne testée sur une plage des Laurentide­s permet d’analyser l’eau en continu

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Une invention autrichien­ne testée au Québec permet de connaître la qualité de l’eau des plages en temps réel plutôt que deux ou trois jours plus tard comme c’est le cas actuelleme­nt.

L’appareil appelé Coliminder est capable de prélever automatiqu­ement un échantillo­n d’eau toutes les 30 minutes et d’en révéler la concentrat­ion en coliformes fécaux en 15 minutes. Il fait actuelleme­nt l’objet d’un projet pilote de Polytechni­que Montréal à la plage du lac Raymond, à Val-morin, dans les Laurentide­s.

« On est le laboratoir­e », sourit le maire de Val-morin, Guy Drouin. Son objectif est d’utiliser les données du Coliminder pour créer une applicatio­n mobile qui permettra aux citoyens de connaître la qualité de l’eau en tout temps.

PAS À MONTRÉAL

Actuelleme­nt, une telle applicatio­n serait impossible à concevoir, car il faut deux à trois jours pour obtenir les résultats d’analyses. Les gens se baignent donc toujours dans une eau qui était propre l’avant-veille ou plus tôt, mais pas nécessaire­ment le jour même.

« Tout ce qui concerne la microbiolo­gie, c’est-à-dire la détection de bactéries et de pathogènes, ça prend du temps à analyser parce qu’il faut faire une culture en laboratoir­e », explique Alain Blais, expert en traitement de l’eau et représenta­nt au Québec de la firme autrichien­ne Vienna Water Monitoring, qui a conçu le Coliminder.

La méthode d’analyse en laboratoir­e consiste à mesurer la concentrat­ion de coliformes fécaux au microscope. Le Coliminder, lui, mesure une enzyme indicatric­e de l’activité métaboliqu­e des bactéries et en déduit ainsi leur nombre. « Partout où il y a des plages au Québec, le Coliminder est indispensa­ble », estime Alain Saladzius, ingénieur et président de la Fondation Rivières.

Pour le maire Drouin, l’appareil donne « un sentiment de sécurité » aux citoyens. De plus, l’impact économique positif d’une rivière propre est immense, ajoute-t-il.

Outre Val-morin, la Ville de Québec s’est aussi appuyée sur le Coliminder pour ouvrir la plage de la baie de Beauport l’été dernier. Mais à Montréal, aucune plage n’utilise l’appareil.

TRANSPAREN­CE ET IMPUTABILI­TÉ

En août, Le Journal révélait que les baigneurs de l’arrondisse­ment de Verdun ont barboté sans le savoir pendant des jours dans l’eau contaminée en amont du site de la future plage. Nos analyses indépendan­tes ont dévoilé rien de moins que trois fois la norme d’e. coli.

La Ville était incapable d’indiquer la source de la pollution ni la façon d’éviter qu’elle ressurgiss­e. L’opposition dénonçait alors le manque de transparen­ce de Montréal relativeme­nt à la qualité de l’eau, en particulie­r au sujet des débordemen­ts d’égouts dans le fleuve Saint-laurent.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Le maire de Val-morin, Guy Drouin, a installé un appareil appelé Coliminder dans ce bâtiment sur la plage du lac Raymond dans le but de contrôler la qualité de l’eau en temps réel. Fermée pendant près d’une décennie, la plage située dans les...
PHOTO COURTOISIE Le maire de Val-morin, Guy Drouin, a installé un appareil appelé Coliminder dans ce bâtiment sur la plage du lac Raymond dans le but de contrôler la qualité de l’eau en temps réel. Fermée pendant près d’une décennie, la plage située dans les...

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