Un appareil garantit une baignade sans matière fécale
Une invention autrichienne testée sur une plage des Laurentides permet d’analyser l’eau en continu
Une invention autrichienne testée au Québec permet de connaître la qualité de l’eau des plages en temps réel plutôt que deux ou trois jours plus tard comme c’est le cas actuellement.
L’appareil appelé Coliminder est capable de prélever automatiquement un échantillon d’eau toutes les 30 minutes et d’en révéler la concentration en coliformes fécaux en 15 minutes. Il fait actuellement l’objet d’un projet pilote de Polytechnique Montréal à la plage du lac Raymond, à Val-morin, dans les Laurentides.
« On est le laboratoire », sourit le maire de Val-morin, Guy Drouin. Son objectif est d’utiliser les données du Coliminder pour créer une application mobile qui permettra aux citoyens de connaître la qualité de l’eau en tout temps.
PAS À MONTRÉAL
Actuellement, une telle application serait impossible à concevoir, car il faut deux à trois jours pour obtenir les résultats d’analyses. Les gens se baignent donc toujours dans une eau qui était propre l’avant-veille ou plus tôt, mais pas nécessairement le jour même.
« Tout ce qui concerne la microbiologie, c’est-à-dire la détection de bactéries et de pathogènes, ça prend du temps à analyser parce qu’il faut faire une culture en laboratoire », explique Alain Blais, expert en traitement de l’eau et représentant au Québec de la firme autrichienne Vienna Water Monitoring, qui a conçu le Coliminder.
La méthode d’analyse en laboratoire consiste à mesurer la concentration de coliformes fécaux au microscope. Le Coliminder, lui, mesure une enzyme indicatrice de l’activité métabolique des bactéries et en déduit ainsi leur nombre. « Partout où il y a des plages au Québec, le Coliminder est indispensable », estime Alain Saladzius, ingénieur et président de la Fondation Rivières.
Pour le maire Drouin, l’appareil donne « un sentiment de sécurité » aux citoyens. De plus, l’impact économique positif d’une rivière propre est immense, ajoute-t-il.
Outre Val-morin, la Ville de Québec s’est aussi appuyée sur le Coliminder pour ouvrir la plage de la baie de Beauport l’été dernier. Mais à Montréal, aucune plage n’utilise l’appareil.
TRANSPARENCE ET IMPUTABILITÉ
En août, Le Journal révélait que les baigneurs de l’arrondissement de Verdun ont barboté sans le savoir pendant des jours dans l’eau contaminée en amont du site de la future plage. Nos analyses indépendantes ont dévoilé rien de moins que trois fois la norme d’e. coli.
La Ville était incapable d’indiquer la source de la pollution ni la façon d’éviter qu’elle ressurgisse. L’opposition dénonçait alors le manque de transparence de Montréal relativement à la qualité de l’eau, en particulier au sujet des débordements d’égouts dans le fleuve Saint-laurent.