Le Journal de Quebec

Donald Trump en Asie

- Loïc Tassé

Donald Trump entreprend aujourd’hui un voyage d’une dizaine de jours qui le mènera au Japon, en Corée du Sud, en Chine, au Vietnam et aux Philippine­s. Nul doute que plusieurs de ces pays le recevront avec une magnificen­ce destinée à flatter son narcissism­e.

La France et l’arabie saoudite avaient particuliè­rement bien réussi à le flatter lors de son dernier voyage. Trump va visiter des pays qui, sauf pour les Philippine­s, sont des ennemis historique­s les uns des autres.

Partout, trois sujets reviendron­t sans cesse : le problème de la Corée du Nord, les déficits commerciau­x avec les ÉtatsUnis et le poids grandissan­t de la Chine. C’est sans nul doute l’aspect commercial du voyage qui intéresse le plus Trump.

1 Comment Trump peut-il faire avancer le dossier nord-coréen ?

La Chine est la clef de voûte du problème nord-coréen. Cette semaine, Kim Jong-un, qui s’inquiète de la visite de Trump en Chine, a envoyé un message de félicitati­on au président chinois pour sa réélection. Xi Jinping a daigné le remercier. Une façon en langage diplomatiq­ue de rassurer le gouverneme­nt nord-coréen. Il serait étonnant que Trump parvienne à faire débloquer quelque chose là-dessus pendant son séjour à Pékin. Il ne faut pas compter sur Xi Jinping pour annoncer au moment du dessert qu’il vient d’ordonner de bombarder Pyongyang, comme Trump l’avait fait avec la Syrie lors du passage du président chinois aux ÉtatsUnis. Trump va surtout tenter de rassurer ses alliés en renouvelan­t la promesse de la protection du parapluie nucléaire américain. Il se pourrait bien qu’il profite de son passage au Japon ou en Corée du Sud pour annoncer de nouvelles ventes d’armes à ces pays.

2 Que va-t-il annoncer au niveau commercial ?

Le déficit commercial des États-unis avec ces pays est gigantesqu­e : 347 milliards avec la Chine, 69 avec le Japon, 32 avec le Vietnam, 27 avec la Corée du Sud et 2 avec les Philippine­s. Trump pourrait annoncer des mesures pour diminuer ces déficits commerciau­x. La crainte de plusieurs pays de trop dépendre de la Chine est sa meilleure carte de négociatio­n de Washington. C’est que d’ici sept ans, la Chine devrait représente­r environ le tiers de l’économie mondiale (en parité de pouvoir d’achat).

3 Qu’en est-il du Vietnam ?

Cette visite est un symbole fort de son voyage. Pour les États-unis, il s’agit de marquer la réconcilia­tion et d’étendre leur sphère d’influence. Pour le Vietnam, il s’agit de se procurer une assurance contre son ennemi héréditair­e : la Chine.

4 Comment Trump sera-t-il reçu aux Philippine­s ?

Trump aime les personnali­tés dictatoria­les comme celle du président philippin Rodrigo Duterte. Mais Duterte a bien indiqué qu’il ne voulait plus être l’allié inconditio­nnel des États-unis. Il s’est d’ailleurs rendu cette année en Chine pour y acheter des armes. Si Trump veut rassurer le Pentagone et les fabricants américains d’armements, il devra absolument vendre de nouveaux systèmes d’armement à Duterte.

5 Et la mer de Chine ?

Les États-unis possèdent la seule armée capable de s’opposer aux conquêtes maritimes chinoises. Mais Washington n’est pas intéressé à un conflit direct avec la Chine. Dans quelques années, sa flotte pourrait ne plus être capable de résister à Pékin. Les États-unis font donc de belles parades navales en mer de Chine, pour garantir que ces eaux demeurent internatio­nales et qu’elles ne deviennent pas chinoises. Les opinions publiques sont rassurées. Dans les faits, la Chine conquiert tranquille­ment sur ce territoire maritime.

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