Un juge met en prison huit dirigeants indépendantistes
Madrid lance un mandat d’arrêt européen contre l’ancien président catalan Carles Puigdemont
AFP | Une juge d’instruction espagnole a placé hier en détention provisoire huit membres du gouvernement catalan destitués pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne, déclenchant des manifestations dans cette région.
La même magistrate a également lancé un mandat d’arrêt européen à l’encontre du président catalan destitué Carles Puigdemont, a déclaré Me Paul Bekaerp son avocat belge à la télévision flamande hier.
« Mon client vient de me dire que (le mandat d’arrêt) a été émis à l’encontre du président et de quatre ministres qui se trouvent en Belgique », a-t-il déclaré. « Cela signifie dans la pratique que la justice espagnole va maintenant envoyer une demande d’extradition au parquet fédéral de Bruxelles », a-t-il ajouté.
Dans un court message diffusé par la télévision régionale catalane, M. Puigdemont a « exigé la libération » de ses collègues incarcérés, affirmant que la décision de la justice n’était « plus une affaire interne espagnole » et que la communauté internationale devait « se rendre compte du danger » qu’elle constituait.
Selon la police municipale, 20 000 personnes se sont rassemblées dans la soirée à Barcelone, à l’appel du mouvement indépendantiste Assemblée nationale catalane.
« Ce n’est pas une justice, c’est une dictature ! », scandaient les manifestants, ou encore « honte à l’europe ! », qui a refusé d’intercéder en faveur des séparatistes.
SÉDITION ET RÉBELLION
Moins d’une semaine après le vote par le parlement régional de la déclaration d’indépendance de la Catalogne, le 27 octobre, Oriol Junqueras, le numéro deux de ce gouvernement, et sept autres de ses membres ont été inculpés de sédition et de rébellion et écroués à l’issue de leur audition à Madrid. Un neuvième ministre, Santi Vila, qui avait démissionné avant la proclamation de la « République » et le seul à avoir répondu aux questions de la magistrate, pourra être mis en liberté provisoire moyennant le paiement d’une caution.
Dans son ordonnance, la juge explique l’ordre d’incarcération par le risque de fuite des inculpés. Tous sont accusés, avec deux dirigeants d’associations indépendantistes, L’ANC et Omnium, déjà incarcérés, d’avoir organisé depuis fin 2015 « un mouvement d’insurrection active ».