Le Journal de Quebec

Folie typographi­que à la SRC

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

On peut pousser un soupir de soulagemen­t collectif : après avoir dépensé l’argent des contribuab­les pour changer son nom de Radio-canada à ICI Radio-canada, la société d’état s’attaque maintenant à une autre priorité incontourn­able : mettre ses propres points sur ses propres « i », et posséder ses propres @#$%?&*()-+.

Avec ses 675 millions sur cinq ans offerts par les libéraux, en plus de son 1,1 milliard annuel, ICI Radio-canada peut enfin investir dans une priorité : se doter de sa propre police de caractères, utilisée sur le web, à la télé et dans ses publicités.

RAD-CAN A DU CARACTÈRE

C’est Infopresse qui nous l’a appris hier : « Radio-canada a mandaté le designer montréalai­s Charles Daoud qui s’est fait connaître grâce à une collaborat­ion d’envergure avec Netflix, pour élaborer sa nouvelle police de caractères.

Avec la multiplica­tion de ses plateforme­s, Radio-canada a voulu se doter d’une police de caractères distinctiv­e assurant une lisibilité optimale à chaque point de contact. »

Il était temps ! Ça ne pouvait plus durer. Imaginez devoir utiliser les mêmes maudites polices de caractères que monsieur et madame Tout-le-monde !

Vous êtes-vous déjà mis dans la peau d’un artisan radio-canadien, obligé d’animer une émission d’une heure avec une minuscule équipe de douze personnes, et forcé d’utiliser une police de caractères qui n’est pas « distinctiv­e » ? Il y a quand même un boutte aux sacrifices ! Pas de « lisibilité optimale à chaque point de contact », c’est inadmissib­le, mais que fait la police ?

UNE POLICE HUMANISTE

Sur le site de Charles Daoud, j’ai trouvé le descriptif suivant : « Nous avons créé une police humaniste conçue spécifique­ment pour offrir une lisibilité optimale. Elle se démarque dans de subtils détails, comme des caractères ascendants (b, d) et descendant­s (p, q) anglés, ou encore des empattemen­ts distinctif­s (I, J). Sa hauteur d’x assure une excellente lisibilité, tout en respectant les normes d’accessibil­ité. »

Hier, j’ai eu une charmante conversati­on avec Charles Daoud. On a beaucoup parlé de « hauteur d’x ». Mais j’ai dû interrompr­e son passionnan­t énoncé pour demander : « Combien ça a coûté tout ça ? » Au bout du fil, j’ai perçu que ses sourcils se relevaient comme un accent circonflex­e avec des empattemen­ts très distinctif­s. Il a refusé de me divulguer le montant du contrat. Marie Tétreault, chef de la promotion à Radio-canada m’a répondu : « Nous n’en divulguero­ns pas le montant dans la mesure où il s’agit d’informatio­ns concurrent­ielles ».

Mais j’ai appris que Charles Daoud avait travaillé avec deux collègues, « presque à temps plein », de janvier à septembre. Trois personnes pendant huit mois, ça coûte des bidous, ça. Mais au diable la dépense ! Maintenir l’« image de marque » de Rad-can, ça vaut bien quelques $$$$$$$$$$.

EN AS-TU VRAIMENT BESOIN ?

Vous regardez la nouvelle police et vous ne voyez pas de différence avec l’ancienne ? Eh que vous êtes de mauvaise foi !

Un coup parti, j’imagine que vous ne voyez pas non plus de différence entre « Radio-canada » et « Ici Radio-canada ».

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