Au fil d’arrivée
Les trois principaux candidats à la mairie de Québec arrivent au terme d’une campagne électorale qui a pris des allures de marathon. Voici une analyse de leur performance.
ANNE GUÉRETTE
La chef de Démocratie Québec a mené une très bonne campagne, où elle est apparue en parfaite maîtrise des dossiers. Au début, son parti a semblé désorganisé et a trop tardé à compléter son équipe. La chef a eu beau mettre ensuite les bouchées doubles et s’imposer en débat, elle avait laissé son rival, Québec 21, prendre déjà beaucoup de place.
La chef n’a pas su mettre à son profit, dès le départ, des engagements concrets, comme son plan de mobilité durable qui, sans être parfait, a le mérite d’être clair et réfléchi. Elle a fait des promesses remarquées sur l’étalement du compte de taxes et la réduction de la vitesse dans les quartiers résidentiels.
Femme de principe, Mme Guérette s’est engagée pour les bonnes raisons, soucieuse d’offrir une voix plus forte aux citoyens et d’assurer un développement harmonieux sur le territoire de la ville. En raison de la division du vote dans son district, le plus convoité, son siège pourrait être en jeu. Elle mérite certainement sa place au conseil et a offert l’option la plus crédible pour former l’opposition.
JEAN-FRANÇOIS GOSSELIN
On pourrait résumer en peu de mots la campagne du chef de Québec 21 : char et troisième lien. Jean-françois Gosselin a lancé sa campagne en parlant de guerre à l’automobile et en se positionnant contre un SRB qui n’existe plus. Il a multiplié à outrance les sorties sur un hypothétique projet de troisième lien à l’est. Il en a même fait un projet de son programme culturel, ce qui lui a valu des railleries.
En fin de campagne, le chef a tenté de se positionner en faveur de l’autobus, un sujet qui n’a jamais paru l’intéresser auparavant. En septembre, il a affirmé que Québec n’est pas prête avant au moins 10 ans pour un système de transport en commun structurant. Ses propositions de moduler les tarifs du RTC et de favoriser une meilleure intégration régionale du transport en commun sont intéressantes.
Plusieurs déclarations de cet aspirant maire se sont avérées déconcertantes. Il s’est notamment déclaré climatosceptique, a nié l’existence de l’étalement urbain à Québec, une réalité reconnue, et a soupçonné le Directeur général des élections de retarder la conclusion d’une enquête, soi-disant pour ne pas nuire à Équipe Labeaume pendant la campagne.
La présence de ce troisième parti a eu le mérite de susciter des débats. Malheureusement, Québec 21 et son chef ont fait preuve d’amateurisme en véhiculant des chiffres et faits erronés. Cela a eu trop souvent pour effet de niveler les échanges vers le bas.
RÉGIS LABEAUME
Pour la première fois, le maire sortant n’avait pas de projet majeur à offrir aux électeurs. Malgré l’abandon du SRB, il aurait dû être en mesure de préciser davantage, après 10 ans, ce qu’il souhaite offrir comme projet de transport en commun structurant, ce qu’il a identifié comme son legs.
À trop vouloir paraître zen, multipliant les annonces de parcs et d’espaces verts, celui à qui on a maintes fois reproché le caractère trop intempestif a fini par devenir presque méconnaissable. Il s’est repris pour la fin de campagne, et il était temps pour lui. Il a malgré tout suivi son plan de match dans l’ensemble, misant sur la qualité de vie et la continuité. Il s’est ainsi imposé en chef solide et confiant, sans tomber dans l’arrogance ni devenir son pire ennemi.