Le Journal de Quebec

Plante ou Coderre ?

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

C’est demain que les Québécois choisiront leurs dirigeants municipaux.

À Québec, cela semble dans la poche pour Régis Labeaume, même s’il n’a plus les niveaux de popularité hallucinan­ts du passé.

La surprise vient de Montréal, où Valérie Plante, une parfaite inconnue jusqu’à tout récemment, talonne Denis Coderre.

Vous auriez cru cela il y a quelques mois ? Pas moi.

POURQUOI ?

Quand on y regarde de près, on réalise que M. Coderre n’avait recueilli que 32 % du vote il y a quatre ans.

Pour le dire autrement, 68 % des Montréalai­s avaient voté pour d’autres candidats que M. Coderre.

Or, cette fois, Mme Plante est seule. Le vote anti-coderre ne sera pas divisé.

Cela reste tout de même surprenant.

M. Coderre est omniprésen­t, a l’appui de tout l’establishm­ent montréalai­s, et dispose sans doute d’une machine électorale et de ressources financière­s très supérieure­s à celles de sa rivale.

Le marché immobilier montréalai­s va bien. Le chômage a baissé. Les projets sont innombrabl­es.

M. Coderre avait aussi l’immense avantage de succéder à Gérald Tremblay. Son énergie et son sens du concret faisaient du bien en comparaiso­n de l’impression d’apathie que dégageait son prédécesse­ur.

Certes, il y a des sources de mécontente­ment légitimes. Les chantiers de constructi­on donnent envie de hurler aux automobili­stes.

M. Coderre a admis avoir mal géré le dossier de la course de Formule E. Il y a eu aussi d’autres coches mal taillées.

Mais cela ne suffit toujours pas à expliquer que la course soit à ce point serrée.

On trouve peut-être un début de réponse dans un récent sondage CROPCBC : 55 % des Montréalai­s disaient trouver M. Coderre « arrogant ».

On pourra chipoter sur le sens du mot, mais il est vrai que M. Coderre

Comment expliquer que la course soit à ce point serrée ?

nous a montré occasionne­llement un côté autoritair­e, notamment quand il a lourdement rappelé à une policière qu’il était son patron.

Une mise en scène comme la démolition, avec un marteau-piqueur, de la surface en ciment qui devait accueillir une boîte postale, en guise de protestati­on contre la fin projetée de la livraison du courrier à domicile, n’était pas l’idée du siècle.

On échappe difficilem­ent à l’impression que seul Justin Trudeau peut, pour le moment, se comporter comme un imbécile et ne pas en payer le prix politique.

CHANGEMENT

Au fond, l’explicatio­n la plus plausible de cette course si étonnammen­t serrée est peut-être que Mme Plante tire profit de ce qu’elle se présente comme l’anti-politicien­ne, la personne « normale », la nouveauté, à un moment où, absolument partout, beaucoup de gens veulent « du-autrechose-que-ceux-qui-sont-là-depuistouj­ours ».

Or, même si M. Coderre n’est maire que depuis quatre ans, il a été un politicien pendant toute sa vie adulte.

Il devrait tout de même gagner, mais au fond, son principal adversaire aura été l’air du temps.

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Valérie Plante et Denis Coderre

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