Le Journal de Quebec

Le côté sombre de l’immigratio­n

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

On se souvient du psychodram­e de l’été dernier alors que des dizaines de milliers de réfugiés traversaie­nt avec famille et enfants la frontière américaine pour mettre le pied au Québec.

Dans une rectitude politique qui banalise les mots, la plupart des médias et des politicien­s qualifiaie­nt d’irrégulier ce passage hors des postes de contrôle. En réalité, il s’agissait d’une traversée illégale.

Voilà que dans La Presse d’hier l’on apprend qu’un nombre très important de ces migrants arrivés à pied ont disparu sous le radar. En clair, ils ont ignoré les avis de convocatio­n des autorités de l’immigratio­n et par conséquent leur demande d’asile ne sera pas prise en considérat­ion.

Les demandeurs d’asile ne peuvent pas disparaîtr­e et vivre sans papiers dans le pays.

FAILLES DU SYSTÈME

Des avocats spécialisé­s en immigratio­n assurent que ces demandeurs d’asile sont perdus dans les dédales administra­tifs. L’explicatio­n n’est pas convaincan­te. Les migrants étaient au courant des failles du système de contrôle à la frontière canadienne et il est clair qu’ils ont savamment organisé leur voyage depuis les États-unis.

On veut bien croire qu’une partie d’entre eux ne parlant ni français ni anglais sont peu scolarisés, voire analphabèt­es. Qu’ils n’ont aucun contact avec des Canadiens et qu’ils se terrent par ignorance des conséquenc­es ou parce qu’ils savent que pour des raisons diverses, de nature criminelle ou non, leur demande d’asile sera rejetée.

Nous sommes donc confrontés à une situation où, si cela perdure, des centaines de milliers de personnes seront des clandestin­s au Canada. Sans papiers, ils ne peuvent que travailler au noir, donc être exploités. Plusieurs préféreron­t garder à la maison leurs enfants en âge scolaire se privant ainsi de tous les avantages sociaux dont bénéficien­t les citoyens.

SENTIMENTA­LITÉ

Lorsque le premier ministre Tru- deau dont on sait maintenant qu’il a pris Superman comme modèle a lancé son cri du coeur : « Les réfugiés sont les bienvenus au Canada », il a parlé sans réfléchir. Le premier ministre a fait preuve de légèreté et de démagogie bien-pensante. Il devait savoir que le Canada est un pays de droit où s’applique la loi. Et que la sentimenta­lité ne s’accorde pas nécessaire­ment à la vision humaniste et rationnell­e de nos démocratie­s.

L’immigratio­n est essentiell­e au Canada. Elle permet de maintenir notre avenir démographi­que. Mais il y a un prix à payer. L’on ne peut ouvrir nos portes sans politique d’intégratio­n efficace.

Les sans-papiers posent des problèmes sociaux et économique­s pour le pays. Les services d’immigratio­n manquent de personnel et de moyens. On ne peut laisser des gens s’exclure des lois. On ne peut pas les abandonner à leur sort dans nos villes.

Les délais pour évaluer les dossiers des demandeurs d’asile sont trop longs. Des êtres humains ne peuvent pas attendre des années, une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. L’expulsion de familles installées chez nous est un crève-coeur. Si le Canada n’a pas les moyens de ses ambitions humanitair­es, qu’il n’utilise pas des migrants de transit pour se donner bonne conscience.

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