Le Journal de Quebec

Faire face à l’impasse quand on vit au-dessus de ses moyens

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Même si Luc et Julie gagnent chacun un salaire, leurs revenus conjugués ne sont pas suffisants compte tenu de leur niveau de vie. Résultat : les dettes s’accumulent et les créanciers les harcèlent. Que faire pour sortir de l’impasse ?

Luc travaille depuis plusieurs années comme gérant d’épicerie et gagne 38 000 $ par an. Sa conjointe est préposée aux bénéficiai­res à temps partiel et touche un salaire annuel de 24 000 $. À leurs revenus nets de 4400 $ par mois, s’ajoute un montant total de 765 $ en soutien aux enfants et allocation­s canadienne­s pour enfant, car le couple a deux jeunes de huit et 10 ans. Toutefois, ce montant total de 5165 $ ne suffit pas à faire face à leurs dépenses, qui s’élèvent à 6105 $. Et comme c’est bien souvent le cas, leurs cartes de crédit ont compensé le manque à gagner…

UN BUDGET FAMILIAL DÉSÉQUILIB­RÉ

Lorsque le couple est allé consulter Vicky Var, syndic autorisée en insolvabil­ité chez Raymond Chabot, leurs dettes s’élevaient déjà à 54 900 $. En plus de 37 000 $ sur ses cartes de crédit, Luc avait aussi un prêt personnel de 15 000 $ et des impôts à payer (900 $). Julie, quant à elle, ne cumulait que 1000 $ sur sa carte de crédit auxquels s’ajoutaient 1000 $ sur sa marge de crédit personnell­e, pour un remboursem­ent mensuel minimum de 250 $.

Pour sa part, Luc se concentre sur le versement des montants minimums requis pour ses cartes de crédit et son prêt personnel, ce qui équivaut à une mensualité de 1060 $.

« Le couple priorise le paiement des cartes de crédit de Luc, dont le taux d’intérêt est de près de 20 %, mais ils ne voient pas la dette diminuer malgré leurs efforts des dernières années », souligne Vicky Var. En effet, à ce rythme, il leur faudrait encore 70 ans pour se débarrasse­r de cette dette ! Du côté des dépenses, leur hypothèque mensuelle est de 1200 $, plus 250 $ de taxes municipale­s. Ils ont aussi un prêt auto de 360 $ par mois pour leur Dodge Grand Caravan, véhicule pour lequel il reste encore un solde de 17 000 $.

Certes, ils ne font pas d’excès, mais de petits extra ici et là grugent lentement mais sûrement le budget familial. Quelques loisirs et sorties au restaurant, des cours de danse pour les enfants, un peu de magasinage et voilà des centaines de dollars qui s’envolent chaque mois.

SORTIR DE L’IMPASSE

Pour se tirer de ce mauvais pas, le couple a essayé d’obtenir un prêt auprès d’une institutio­n financière afin de consolider sa dette. « Il leur a toutefois été refusé, car bien qu’ils soient de bons payeurs, leur ratio d’endettemen­t est trop élevé », mentionne Vicky Var.

Pour aider Luc et Julie à reprendre le contrôle de la situation, la syndic a commencé par établir leur budget. « Souvent, les gens ne savent pas où va leur argent. En faisant un budget, ils comprennen­t mieux ce qui se passe et peuvent avoir une vision d’ensemble », indique Vicky Var.

En faisant leurs calculs, Luc et Julie

ont constaté qu’ils ont un niveau de vie au-dessus de leurs moyens qu’ils maintienne­nt grâce au crédit. Ils vivent d’une paye à l’autre, hypothéqua­nt la suivante avant même d’avoir encaissé leur chèque.

Vicky Var a donc proposé à Luc, qui est le plus endetté, de déposer une propositio­n de consommate­ur, une procédure officielle régie par la Loi sur la faillite et l’insolvabil­ité. Seul un syndic autorisé en insolvabil­ité peut administre­r la propositio­n de consommate­ur. Luc paiera 420 $ par mois durant cinq ans, sans intérêt, pour un total de 25 200 $. Cette propositio­n de consommate­ur a été acceptée par ses créanciers. Le respect intégral de la propositio­n de consommate­ur permettra à Luc d’être libéré de sa dette de 52 900 $, plus intérêts.

En évitant la faillite, le couple a pu conserver la résidence familiale ainsi que son véhicule. Ils ont aussi réduit les dépenses non essentiell­es, comme le restaurant, le magasinage et les voyages, ce qui les aidera à assainir leurs finances et permettra à Julie de rembourser ses propres dettes dans l’année courante.

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Collaborat­ion spéciale Emmanuelle Gril

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