Le Journal de Quebec

Le bulletin de nos experts

Trois experts en communicat­ion analysent la dernière semaine électorale à Québec. Ils décortique­nt les performanc­es des candidats, les engagement­s électoraux et les bons et mauvais coups.

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1 Quelle analyse faites-vous de la performanc­e des candidats à la mairie ?

Après le sondage, Anne Guérette a dit que tout était encore possible. Elle a honoré cela en faisant des annonces de plusieurs engagement­s. Elle est demeurée combative. Régis Labeaume a eu un début de campagne plus tranquille, mais on a retrouvé sa personnali­té, son authentici­té. Il a été très actif. Même si le sondage le plaçait en avance, il suit son plan de match. Jean-françois Gosselin a eu une semaine plus difficile. Il ne s’est pas laissé abattre par les résultats du sondage. Il a laissé une grande place à son équipe, mais il a manqué de rigueur dans ses chiffres, ce qui nuit à sa crédibilit­é.

Régis Labeaume est resté collé à son axe sur la vie de quartier. Il est fidèle à sa campagne méthodique et à sa patience d’ange temporaire. Jean-françois Gosselin a fait une sortie hasardeuse en demandant un bilan du comité de mobilité qui était déjà disponible. Il veut consolider sa base militante et tenter d’entrer à l’hôtel de ville avec une belle représenta­tion comme opposition. Anne Guérette a été plus discrète sur la place publique. Après les débats, elle a cogné sur le clou du changement, s’approprian­t le thème de M. Gosselin.

Avec le sondage, le maire sortant n’a pas eu besoin d’ouvrir la machine, se concentran­t à courtiser les électeurs de Beauport et Charlesbou­rg. Il doit transforme­r les intentions de vote en votes réels. Il commence à retrouver la fougue, le ton et le style qu’on lui connaît. Anne Guérette a été très discrète. Elle aurait dû jouer « all in » avec un coup d’éclat. Peut-être qu’elle se concentre à faire élire son colistier. Jean-françois Gosselin reste en mode attaque et il a été le seul à mettre son équipe en valeur. Il doit concentrer ses efforts là où il peut faire des gains.

2 Quelle analyse faites-vous de la performanc­e des partis en général et de leurs éléments de programme dévoilés ?

DQ a pris des engagement­s, même en fin de campagne. Le parti a parlé de la Maison de la culture comme un élément phare. Cela arrive tard. ÉL a beaucoup d’engagement­s cette semaine qui suivent le fil conducteur de la campagne sur la qualité de vie. Petit paradoxe sur la question des radars photo. QC21 a pris moins d’engagement­s et est revenu sur certains éléments de sa campagne. On présente l’équipe, mais on n’est pas capable de se prononcer sur les enjeux qui touchent les candidats dans leur district.

Après avoir été très actif dans les banlieues, ÉL a misé sur le centre-ville, avec des annonces sur l’embellisse­ment du Vieux-québec et sur la rénovation d’un bâtiment au Domaine Maizerets. DQ ne finit pas dans un crescendo suffisant. Mme Guérette n’a pas su tirer profit de ses deux bonnes sorties de débat et elle plafonne encore. Avec l’annonce de son exécutif, QC21 voulait démontrer que ses membres peuvent accomplir les tâches attribuées, mais c’est trop tard : les électeurs n’auront pas le temps d’étudier les CV.

Fidèle à son plan de campagne, ÉL y va de petits engagement­s. Le parti plaide maintenant pour l’augmentati­on de radars photo, alors qu’il doutait de leur efficacité plus tôt dans la campagne. DQ propose un sommet sur la main-d’oeuvre. Une bonne idée dans le contexte actuel, mais on est loin d’engagement­s qui lui permettron­t de faire le plein de votes. QC21 a beaucoup parlé de la luxueuse cabane de Beauport pour illustrer les dépenses folles de l’administra­tion sortante. Il s’oppose beaucoup, mais propose peu, notamment sur les dossiers de districts.

3 Quel est le bon coup de la semaine ?

Les trois candidats qui ont fait campagne pendant plus de 40jours et qui ont proposé des idées. Comme citoyen, on sort gagnant de ces discussion­s sur l’avenir de notre ville.

M. Labeaume a su tirer avantage de l’actualité qui lui a donné de la visibilité, notamment avec la venue du Club Med et du lancement de la Parade des Jouets.

M. Gosselin, qui présente son comité exécutif. Il veut démontrer de la profondeur en mettant son équipe à l’avant-plan. Une façon de répondre à ceux qui lui reprochent sa connaissan­ce limitée des dossiers.

4 Quel est le mauvais coup de la semaine ?

Jean-françois Gosselin, qui a beaucoup été identifié comme l’homme d’un seul projet. Il a buté sur des chiffres, a été incapable de se prononcer sur de grands enjeux. Au-delà du troisième lien, il y a un manque de contenu et de profondeur.

Jean-françois Gosselin avec son engagement central, le troisième lien, qui a été tourné en dérision à un point tel qu’il a dû faire une profession de foi étonnante envers l’autobus en fin de campagne.

Anne Guérette. Pour quelqu’un qui joue sa carrière politique, on se serait attendu à ce qu’elle se batte avec l’énergie du désespoir.

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Marie-eve Bédard Directrice de Tact Intelligen­ce-conseil Alain Blanchette Expert en communicat­ions et relations publiques Luc Ouellet Associé à la firme de relations publiques National
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