Le Journal de Quebec

Plus ça change plus c’est pareil !

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’avais 22 ans et j’habitais Bois-desFilions quand le général de Gaulle a lancé sa fameuse phrase « Vive le Québec libre ! » du balcon de l’hôtel de ville de Montréal. Que de chemin parcouru depuis ce jour ! Je suis une colonisée, née sur une péninsule du Témiscamin­gue en territoire autochtone, plus exactement à Saint-urbain-de-rémigny. Mes grands-parents, avec d’autres familles de la région de Joliette, y sont arrivés en 1935 grâce au plan Vautrin.

Je sais par mes parents, alors jeunes dans ces années-là, que dès leur arrivée avec presque rien sur des terres à peine défrichées, c’était la grande liberté. Mais il en était tout autrement pour leurs parents qui dépendaien­t alors des gouverneme­nts, du clergé catholique, et de tout un chacun de la région de Joliette ainsi que de Rouyn-noranda. C’est grâce à l’entraide et au dévouement de plusieurs que ces colonies se sont développée­s et que les gens ont pu survivre.

Nombreux sont ceux et celles qui se sont moqués de Réal Caouette. Mais il faut lui reconnaîtr­e d’avoir contribué à libérer le petit peuple du Québec en dénonçant publiqueme­nt les gamiques politiques et les mauvaises façons de parler de nous, adoptées par les deux paliers gouverneme­ntaux. C’est grâce à lui et à d’autres que nous avons acquis la liberté d’expression, exprimé notre refus de nous soumettre et exigé notre place dans les processus de décision.

Mais il y a un revers à cette médaille, car en retour, nous sommes devenus matérialis­tes et exigeants, et nous nous sommes embarqués dans un endettemen­t généralisé. Ceux qui nous gouvernent désormais sont plus des administra­teurs qui oublient facilement la base qui constitue leur fonds de commerce : soit les individus et les familles qui le composent. Et le plus grand malheur de notre époque, c’est que nous retrouvons sur les médias sociaux exactement ce à quoi les citoyens s’adonnaient autrefois en paroles, c’est à dire le rabaisseme­nt par l’humiliatio­n pratiqué par nos jeunes, lesquels sont encouragés par des blogueurs plus expériment­és.

Le pire de notre société, à mes yeux, c’est qu’on ne sait plus pourquoi on vote, encore moins choisir un candidat de valeur, tant ils se ressemblen­t tous dans l’art de nous tromper adroitemen­t. Pourtant, il doit bien exister, ce candidat talentueux aux bonnes intentions. Mais on ne le voit plus. Sur ce, je vous fais la salutation au soleil (Suryanamas­kãra).

Murielle, 72 ans

Votre mot me permet de faire un retour sur notre histoire. Le gouverneme­nt libéral de Louis-alexandre Taschereau a adopté une loi provincial­e encouragea­nt la colonisati­on dans les régions éloignées du Québec, baptisée du nom du ministre de la Colonisati­on, de la Chasse et de la Pêche de l’époque : Irénée Vautrin. Accompagné­e de subvention­s, cette loi avait pour but d’offrir une option aux urbains affectés par le chômage. Une loi qui, selon les statistiqu­es, a donné des effets sensibles.

Dire qu’on fait pareil aujourd’hui pour inciter les médecins à retourner en région.

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