Le Journal de Quebec

CUISINER pour séduire et aimer

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Kim Thuy explique que les recettes vietnamien­nes sont des secrets bien gardés. « Il ne faut pas que ta voisine connaisse la même recette que toi... sinon elle vole ton mari ! Les recettes étaient gardées comme des secrets de famille. C’était une question de survie du couple ! »

Tout passe donc par le ventre ? « C’est comme ça que j’ai eu mon mari. Je l’ai dragué... par le ventre. Encore aujourd’hui, j’exprime mon affection à travers la nourriture », dit-elle avec humour.

« Je ne sais pas comment dire “je t’aime”. En vietnamien, on ne dit jamais ça. On réfléchit tellement sur le concept qu’il y a au moins sept verbes différents pour dire “je t’aime” », explique-t-elle en précisant que l’amour filial, l’amour amoureux, ont tous des verbes différents.

Tout passe donc par la nourriture et l’hospitalit­é, au lieu des mots. Les filles apprennent d’ailleurs très jeunes à cuisiner, la cuisine est un territoire féminin et il est bien vu d’offrir son aide quand on arrive quelque part. « Quand on voit qu’il y a des choses à peler, à découper, à nettoyer, on se met toutes à la tâche. Ce serait très mal vu que tu ne fasses rien ! À l’heure de l’apéro, les filles se retrouvent dans la cuisine. »

« Dès que tu arrives, on te demande si tu as faim, si tu as mangé. Et peu importe ta réponse, on te sert de la nourriture. C’est un signe d’hospitalit­é. Et tout est sur le comptoir, tout de suite. Refuser de manger, c’est quasiment comme refuser l’amour et l’affection de l’autre ! C’est impossible de dire non. »

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Kim Thuy Le secret des Vietnamien­nes Éditions Trécarré 192 pages
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