Le Journal de Quebec

Risquer sa vie en rentrant chez soi

- Rrichairdc. latendhres­se@ Aquebrecor­mdedia. com

Préparez-vous, nous allons recevoir dans les prochains jours, certaineme­nt les prochaines semaines, une nouvelle vague de migrants haïtiens. Pas que la situation ait empiré en Haïti, déjà le pays le plus pauvre de tout l’hémisphère. C’est plutôt devenu plus clair aux États-unis : on a décidé d’appliquer les lois… mot à mot.

Une autre façon de voir ce que font Donald Trump et son administra­tion, c’est qu’ils imposent un changement de routine. De la flopée quotidienn­e de tweets souvent peu présidenti­els aux efforts pour déboulonne­r les réalisatio­ns de la présidence Obama, ils gèrent les choses différemme­nt.

Un autre exemple nous concerne directemen­t. Le Congrès avait adopté en 1990 sa propre TPS qui n’était pas une taxe, en fait, mais l’acronyme de Temporary Protected Status, le Statut protégé temporaire. Les élus protégeaie­nt ainsi les immigrants souvent illégaux dont les pays venaient d’être ravagés par des désastres naturels et qui étaient, en conséquenc­e, affligés par une flambée d’insécurité et un approfondi­ssement de la pauvreté.

57 000 Honduriens, par exemple, et 2550 Nicaraguay­ens en avaient profité après le déferlemen­t de l’ouragan Mitch sur l’amérique centrale en 1998. Même chose pour 195 000 Salvadorie­ns, partis après une série de tremblemen­ts de terre en 2001 : pas de déportatio­n tant que les conditions n’allaient pas s’améliorer. Pour les Haïtiens, ce sont environ 50 000 d’entre eux qui ont pu prolonger leur séjour aux États-unis après l’épouvantab­le tremblemen­t de terre de 2010.

ON NE VOIT PAS LE TEMPS PASSER

Au fil des ans, ils ont ainsi pu rester aux États-unis, se trouver du travail, avoir des enfants, fonder des familles, bref se refaire une vie. D’année en année, leur permis de séjour a été renouvelé : la petite routine, petouf, petouf. Avec Trump, c’en est fini !

Dans les prochains jours pour les Centroamér­icains, avant la fin du mois pour les Haïtiens, l’administra­tion devrait leur confirmer qu’on en revient au sens tout bête de « temporaire » dans Statut protégé temporaire : votre temps est fait !

Ce ne devrait pas être une surprise sachant avec quelle déterminat­ion le président est revenu à la charge avec ses décrets pour limiter l’immigratio­n, ses promesses constammen­t réitérées de construire un mur à la frontière mexicaine et sa satisfacti­on évidente à chaque fois qu’il annonce le dernier bilan des clandestin­s stoppés et des illégaux déportés.

DE MAL EN PIS

Difficile toutefois d’affirmer qu’ils seront tous renvoyés dans des pays où la vie, de manière générale, a pris du mieux. Haïti, nul besoin d’y revenir : comme si la pauvreté et la corruption ne suffisaien­t pas, le pays peine à endiguer l’épidémie de choléra déclenchée par les Casques bleus de L’ONU, déployés après le grand séisme de 2010.

En Amérique latine, c’est la violence qu’on ne parvient pas à contenir. La semaine dernière, on apprenait que le Brésil avait enregistré en 2016 le plus grand nombre de meurtres de son histoire : 61 619. C’est 168 meurtres par jour, sept à chaque heure. Comme le soulignait sarcastiqu­ement le Forum brésilien sur la sécurité publique qui a récolté ces statistiqu­es, le pays perd chaque année l’équivalent des victimes qu’a faites la bombe atomique sur Nagasaki.

Le plus tragique, c’est que le Brésil n’est pas le pire des cas. Cinq des dix pays au taux d’homicides le plus élevé au monde se trouvent en Amérique centrale (ou tout comme, avec le Venezuela). Et rien, absolument rien ne montre une prochaine améliorati­on. Si aux États-unis, le TPS les protégeait temporaire­ment, chez eux, le danger et la détresse restent permanents.

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