Le Journal de Quebec

Démission du PM libanais qui craint pour sa vie

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BEYROUTH | (AFP) Le premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé de manière inattendue sa démission hier en accusant le mouvement armé Hezbollah et son allié iranien de « mainmise » sur le Liban et en disant craindre pour sa vie.

Cette annonce intervient dans un contexte de fortes tensions sur plusieurs dossiers entre les deux poids lourds de la région, l’arabie saoudite sunnite, qui soutient M. Hariri, et l’iran chiite, grand allié du Hezbollah.

Des analystes ont mis en garde contre les répercussi­ons de cette démission sur le Liban, petit pays déjà fragilisé par des crises politiques à répétition, des assassinat­s, des guerres entre Israël et le Hezbollah et le conflit chez son voisin syrien.

« J’annonce ma démission du poste de premier ministre », a déclaré M. Hariri, actuelleme­nt en Arabie saoudite, dans une déclaratio­n retransmis­e par la chaîne satellitai­re Al-arabiya à capitaux saoudiens.

Cette démission, qui a pris de court l’ensemble de la classe politique libanaise, intervient un an après la nomination de M. Hariri, et ses causes directes n’étaient pas claires dans l’immédiat.

ASSASSINAT

Le puissant Hezbollah avec lequel M. Hariri est en conflit depuis des années fait partie de son gouverneme­nt.

Le chef de l’état Michel Aoun va attendre le retour de M. Hariri pour s’informer auprès de lui « des circonstan­ces de la démission afin de décider de la suite », a indiqué son bureau de presse. Une fois la démission acceptée par le président, le gouverneme­nt Hariri gérera les affaires courantes.

« J’ai senti ce qui se tramait dans l’ombre pour viser ma vie », a-t-il dit en soulignant que le Liban vivait une situation similaire à celle qui prévalait avant l’assassinat en 2005 de son père Rafic Hariri, ex-premier ministre et opposant au pouvoir à Damas.

Saad Hariri, 47 ans, a accusé le régime syrien du meurtre de son père qui a ébranlé le Liban. Cinq membres du Hezbollah ont été mis en cause dans cet assassinat.

Le Hezbollah est un allié crucial du régime de Bachar al-assad dans la guerre en Syrie. Il est le seul parti libanais à avoir gardé ses armes après la fin de la guerre civile (1975-1990).

« ÉTAT DANS L’ÉTAT »

Bête noire d’israël, le mouvement chiite refuse d’abandonner son arsenal, principale pomme de discorde dans le pays.

« L’iran a une mainmise sur le destin des pays de la région [...] Le Hezbollah est le bras de l’iran non seulement au Liban, mais également dans les autres pays arabes », a dénoncé M. Hariri.

Il a accusé Téhéran d’avoir « créé un État dans l’état » et de vouloir « avoir le dernier mot dans les affaires du Liban ». Téhéran a rejeté des « accusation­s sans fondement », affirmant que cette démission « fait partie d’un nouveau scénario pour créer des tensions au Liban et dans la région ».

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PHOTO AFP Le premier ministre libanais Saad Hariri.

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