Silence au village
Le cas Joé Ferguson aborde le sordide, l’inexplicable et l’empathie
Un crime sordide qui frappe un petit village éloigné des grandes villes. Le cas Joé Ferguson aborde les effets de ce drame sur ceux qui y vivent et la sombre réalité des gens qui n’ont pas beaucoup de chance dans la vie.
À l’affiche au Trident jusqu’au 25 novembre, l’oeuvre de l’auteure Isabelle Hubert bénéficie d’une deuxième vie, après avoir été jouée 35 fois, au cours de l’été 2016, au Théâtre du Bic, à Rimouski.
Un texte qui a été revisité et bonifié depuis, tout comme la mise en scène de Jean-sébastien Ouellette qui a subi quelques transformations.
« Les acteurs ont dû réapprendre et se réapproprier leur texte. Il y a eu presque autant de répétitions pour cette nouvelle série de représentations que lors de la création de la pièce. Une oeuvre théâtrale, c’est vivant et on peut toujours, avec le recul, améliorer les choses », a indiqué le metteur en scène Jean-sébastien Ouellette.
Le cas Joé Ferguson raconte l’histoire d’un jeune homme de 21 ans, ostracisé par le village, qui a tué l’ancienne directrice de son école pour ensuite s’enlever la vie. Un crime qui provoque une immense commotion dans ce petit village.
MUR DE SILENCE
Camille Dubé, une étudiante en criminologie, se présentera sur place pour aller interroger les résidents à l’occasion d’une étude sur l’impact des crimes graves sur une population rurale. Une jeune femme qui souhaite découvrir ce qui s’est réellement passé et qui va se heurter à un mur de silence.
« Les gens du village ne veulent pas lui parler parce qu’elle vient d’ailleurs. Et nous allons découvrir que ce silence est presque la cause du meurtre ; une culture du silence où les gens, lorsqu’ils voient quelque chose, ne parlent pas et ne s’en mêlent pas », a expliqué le metteur en scène.
TENDRE LA MAIN
Jean-sébastien Ouellette précise que la pièce, qui met en vedette Joëlle Bond, Sylvie Drapeau, Valérie Laroche et Steven-lee Potvin, n’excuse pas le crime sordide qui a été commis.
« On essaie de comprendre d’où vient le crime et en identifier la genèse pour comprendre et empêcher que cela se reproduise. On es- père, avec cette pièce, amener les gens à avoir plus de compassion, parce que si les gens en avaient un peu plus ce genre de choses n’arriveraient peut-être pas. On peut arrêter ce genre de crime en ostracisant moins les gens, les rejetant moins et en acceptant les différences », a-t-il ajouté, faisant référence à certains crimes qui ont fait les manchettes.
Jean-sébastien Ouellette précise que Le cas Joé Ferguson, malgré la lourdeur du sujet, comporte plusieurs éléments d’humour.
« C’est tragique, comique et dramatique. C’est comme la vie et ce sont des thématiques que l’auteure aime aborder à l’intérieur d’une même oeuvre », a-t-il indiqué.
« Ces choses-là arrivent en ville. Pas ici. » — Dorothée Berthier