Au coeur de la vie maya
Docteure en géographie et spécialiste du monde maya, la romancière Lucie Dufresne propose une incursion extraordinaire au coeur de la vie du peuple maya de la péninsule du Yucatan, bien avant l’arrivée des Européens, dans son nouveau livre, Chichen mère des jaguars.
Au contraire d’un récit simplement folklorique, Lucie Dufresne propose une histoire qui permet de voir et comprendre la vie maya de l’intérieur, par le biais d’une héroïne qui défie les conventions de l’époque.
Manik, coincée dans un mariage arrangé qui tourne au cauchemar, se retrouve au coeur d’un conflit. Cette artiste qui rêvait de peindre tranquillement doit veiller à la protection de sa famille, sous le regard des dieux et des déesses, dans les jungles et les bords de mer de la péninsule du Yucatan.
Grâce à l’érudition de Lucie Dufresne et à son talent de conteuse et de romancière, un empire fascinant prend vie. Elle fournit des clefs pour comprendre comment la ville de Chichen est devenue la fameuse Chichén Itzá, site historique visité par des milliers de touristes chaque année.
« J’ai étudié les Mayas contemporains avant de m’intéresser à ceux de l’époque classique et post-classique », explique l’auteure, qui a fait un doctorat et un postdoctorat sur le sujet. « Je suis tombée en amour avec les glyphes mayas. C’est d’une beauté et d’une précision... je ne sais pas comment ils faisaient pour faire des traits aussi complexes. Je m’intéresse beaucoup au déchiffrage des signes – je suis toutes les découvertes. » Chichen mère des jaguars est son quatrième roman sur le monde maya. « C’est captivant, parce que c’est entouré d’un mystère non complètement expliqué. Et tout le monde va sur la Riviera Maya... et tout le monde est allé visiter une petite ruine maya – au moins Tulum. »
Plusieurs choses l’ont passionnée sur ce peuple qui a survécu au passage des siècles : d’abord leur survivance, puis leur langue, et leur connaissance du milieu.
LA DÉCADENCE
Dans Chichen, Lucie Dufresne dépeint les Mayas en pleine décadence, en l’an 900. « C’est la sécheresse qui a duré 200 ans, et c’est là que les grandes cités ont été abandonnées dans le sud. Il y a eu énormément de morts et les survivants ont migré vers le nord. Quelques personnes se sont établies près du puits de Chichen et des marchands étrangers venus du Mexique central essaient d’accaparer le commerce. »
Ils ont réussi, avec des ententes, à s’établir à Chichen entre les deux grandes cités, Coba et Uxmal. « Ils ont fini par prendre le contrôle de la péninsule. Je voulais raconter comment les survivants mayas ont dû s’adapter, accepter l’arrivée des Toltèques ou lutter contre eux, parce que c’était des envahisseurs. »
Lucie Dufresne s’est inspirée de plusieurs amies mayas pour créer son héroïne, Manik. « Elles sont inépuisables. Comment l’histoire s’écrit sans qu’on dise un mot sur les femmes, alors qu’elles travaillent presque 24 heures sur 24 ? Je voulais trouver la place des femmes dans l’histoire maya, qu’on n’a jamais racontée. »
Lucie Dufresne a visité un grand nombre de sites archéologiques au Mexique. « J’adore... Je suis comme un poisson dans l’eau. Les ruines me parlent. Je vois la ville occupée par les Mayas il y a 2000 ans. Je comprends tout ce qu’ils font parce que j’ai vécu un bout avec les Mayas contemporains. » Les lieux qu’elle évoque sont connus et l’un d’entre eux, Kusaamil – qui veut dire « le lieu des hirondelles » en langue maya – est en fait l’île de Cozumel. » Lucie Dufresne est docteure en géographie et réside à mi-temps dans la région du Yucatan. » Ses romans sont traduits en espagnol et très populaires au Mexique. » Elle rencontrera les visiteurs du
Salon du livre de Montréal.