S’EXILER ET RENAÎTRE à Buenos Aires
L’écrivaine Louise Desjardins propose une réflexion très authentique sur la vieillesse, l’amour, l’exil et la célébrité dans un nouveau roman dont l’action se déroule en grande partie en Argentine : L’idole.
Comme son héroïne Éveline Perron, Louise Desjardins a été fascinée par Buenos Aires, la vibrante capitale sud-américaine qui a vu naître des idoles comme Eva Peron, Carlos Gardel, Che Guevara et le grand écrivain Borges.
Son roman est d’ailleurs né d’une résidence d’écriture de deux mois à Buenos Aires après que son projet eut été retenu par un jury formé par le Secrétariat à la Culture de la nation argentine.
« Je n’étais jamais allée en Amérique du Sud. J’ai lu beaucoup en espagnol, ce qui est très différent de lire les traductions françaises. Buenos Aires m’a toujours fascinée : je savais qu’il y avait une conjonction entre l’europe, l’amérique et les pays latins. Je suis très sensible à ces mélanges de populations. J’ai passé deux mois en 2013 et j’ai pris des notes. »
Tous les jours, elle se promenait, à pied, en métro, dans les transports en commun. Elle habitait dans le quartier aisé de Recoleta. « Je rencontrais des gens. C’était vraiment une immersion à Buenos Aires, dit-elle. Je trouvais que j’étais dans mon élément ; je ne me sentais pas étrangère à Buenos Aires. »
DU REPÉRAGE
Louise ajoute qu’elle ne pourrait pas écrire sur quelque chose qu’elle ne connaît pas, qu’elle n’a pas vu. « Quand j’écris, je me base beaucoup sur des lieux et je fais toujours du repérage. C’est plus que les lieux, c’est cette espèce d’impression globale, avec les gens qui y habitent, les odeurs, comment ça bouge, comment ça vit. Je suis beaucoup plus intéressée par les gens que par les monuments. Pour moi, c’est comme des pièces de théâtre : ça me fascine. »
Dans L’idole, Louise Desjardins raconte l’histoire d’éveline Perron, une veuve de 70 ans qui décide d’aller vivre ses dernières années bien loin du Québec. Personne ne sait qu’elle n’a qu’un aller simple. À Buenos Aires, elle constate rapidement qu’eva Peron, l’actrice et femme politique morte à 33 ans, qui était l’idole de sa mère, est encore au premier plan. Au fil de ses rencontres, elle revit des fragments de son passé, se remet en question, s’interroge sur son devenir.
Éveline essaie de s’exiler. « Elle pensait qu’en s’en allant, tout se réglerait, qu’elle mourrait tranquillement, parce qu’elle sait que ses jours sont comptés. Elle voulait se faire une belle petite vie tranquille sans comptes à rendre et se rend compte que non, ça ne marche pas comme ça. »
FRÈRE CÉLÈBRE
Éveline a, dans le roman, un frère connu, Larry. « Ça correspond un peu à moi comme auteure parce que j’ai aussi un frère célèbre », dit-elle, en faisant référence à Richard. « On s’aime beaucoup, mais on fait chacun notre vie. Ce qui est raconté dans le roman est imaginé. Je pense que le fait que j’ai un frère qui est très connu, très célèbre, très aimé, c’est aussi quelque chose qui m’interpelle : c’est normal qu’on se pose des questions. »