Le Journal de Quebec

Inquiétude de mère

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’ai besoin de votre aide, car même si je tente d’entretenir mon conjoint de mon inquiétude, il refuse de la partager, prétextant que les choses vont s’arranger d’elles mêmes. Mais comme c’est la quatrième année que je vis le même stress, j’aimerais trouver une solution durable.

Mon fils qui est entré en quatrième année cette année est tout de suite retombé dans ses travers de l’année dernière et des deux premières années de sa scolarité. En deux mots, rien ne l’intéresse, à part regarder la télé, jouer avec son téléphone, ou encore mieux, avec ses camarades dans la cour d’école.

Ce n’est donc pas d’hier que j’ai remarqué son manque d’intérêt pour apprendre quoi que ce soit et ça me désole. Moi qui étais curieuse de tout, de la nature, des animaux, des découverte­s scientifiq­ues, je vous avoue que je trouve ça très difficile d’avoir un fils qui n’a aucune curiosité pour rien et qui ne veut faire aucun effort pour apprendre. Et cela, année après année.

Il a déjà accumulé au cours de ses trois premières années certains retards sur ses camarades de classe en ce qui a trait à l’écriture et à la lecture, et j’ai peur que plus il va avancer, pire ça va être. Dès sa première année, sa maitresse m’avait fait remarquer qu’il se découragea­it facilement et qu’il était porté à abandonner à la moindre difficulté.

D’ailleurs, je suis à même de le constater puisque c’est pareil à la maison quand on veut l’aider à faire ses devoirs, apprendre ses leçons, ou encore se familiaris­er avec un jeu un peu plus complexe. Le moindre jeu qui lui demande un petit effort intellectu­el, comme les cartes ou les échecs, ça le décourage. À moins que par chance il ne gagne. On l’a fait voir par un psychologu­e de l’enfance, et il semble avoir un QI suffisant pour réussir. Qu’est-ce qui justifie chez lui ce manque d’entrain pour apprendre?

Je ne comprends pas mon fils et je ne sais plus quoi faire avec lui. D’autant moins que son père et moi étions tous deux des premiers de classe et que nous adorions apprendre. J’aimerais que vous me fassiez une suggestion avant que ce problème ne devienne insur- montable. Il passe chaque année, mais de justesse, et je crains le choc brutal de l’échec et de l’obligation de redoubler. L.C.

Selon les profession­nels de l’éducation, le phénomène qui frappe votre fils est très répandu et touche de plus en plus tôt les enfants. Fréquentes de la part des parents sont les phrases suivantes : « Il abandonne à la moindre difficulté », « Il ne s’implique pas dans son travail scolaire », « Il n’a aucun sens de l’effort ».

Sans vouloir vous accabler injustemen­t, l’espace pour se tromper et recommence­r que vous avez donné à votre enfant alors qu’il était tout petit, a fait sa marque. Si vous l’avez habitué à réparer ses erreurs sans lui donner le temps de faire lui-même ses propres apprentiss­ages ça peut l’avoir rendu paresseux à l’effort. Le besoin de voir triompher son enfant quand on est un parent compétitif qui réussit est normal, mais il faut s’en prémunir pour le laisser vivre et respirer à son rythme.

L’habitude qu’on a en tant que société de vouloir la satisfacti­on immédiate du plaisir anticipé déteint sur nos enfants. Sans même le vouloir et de par nos réactions spontanées, ils sentent intuitivem­ent ce qu’on dégage et cherchent à l’imiter.

Il est important pour vous et votre conjoint de vous attabler de façon assidue pour développer chez votre enfant des façons amusantes et intéressan­tes, en même temps qu’instructiv­es d’apprendre. Mais cela doit se faire dans le plaisir du jeu. Dites-vous qu’aucun outil du Web ne va jamais remplacer l’intérêt d’un parent envers son enfant. Plus vous allez laisser place à ses désirs et à ses émotions de s’exprimer, plus son goût d’apprendre va se développer.

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