Le Journal de Quebec

RAZ-DE-MARÉE POUR LABEAUME

Gosselin chef de l’opposition L’avenir de Guérette incertain

- fatima.houda-pepin@quebecorme­dia.com FATIMA HOUDA-PEPIN Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère

Vous avez sûrement été surpris de la déclaratio­n faite par le chef de l’opposition officielle, Jean-françois Lisée, il y a une dizaine de jours, annonçant qu’il allait présenter un nouveau projet de loi pour le « visage découvert » d’ici les Fêtes.

Le Québec n’a pas encore fini de ramasser les dégâts de la Charte des valeurs du gouverneme­nt Marois et ceux de la loi 62 du gouverneme­nt Couillard, que déjà il faille le précipiter dans un autre mélodrame. Tout un cadeau à déballer autour de la dinde de Noël !

D’ABORD, POSER LE SOCLE

1. La laïcité est un enjeu complexe qu’il ne faut pas agiter comme un épouvantai­l au gré des répliques partisanes. Le PQ et le PLQ ont eu l’occasion de s’y attaquer et ils ont lamentable­ment échoué.

Toute improvisat­ion ou instrument­alisation en cette matière est dommageabl­e, non seulement pour la classe politique, mais pour le Québec tout entier (voir La laïcité au Québec : Autopsie d’un gâchis politique ici http://bit.ly/2yzryow)

2. La laïcité est un principe fondamenta­l qui doit être bien balisé dans la Charte québécoise des droits et libertés comme un droit nouveau au plan collectif et individuel. Avant toute chose, il faut convenir du modèle de laïcité que nous voulons pour le Québec. C’est le socle sur lequel il faut faire consensus. Tout le reste en découlera.

3. La laïcité ne doit pas se faire contre les immigrants, mais avec eux, pour une meilleure garantie de la liberté de conscience et de religion pour tous les citoyens, abstractio­n faite de leur religion ou irréligion.

4. La laïcité ne se réduit pas à des symboles. Il faut sortir de cette fixation maladive sur les signes religieux qui est en train d’empoisonne­r le débat. Dans le projet de loi no 491, l’exigence de la neutralité religieuse s’appliquait seule- ment aux juges, aux procureurs, aux policiers et aux agents correction­nels, parce qu’ils incarnent l’autorité contraigna­nte de l’état. C’est là où doit aller le Québec, pour le moment (http://bit.ly/1ld9idy).

LES ENJEUX SONT AILLEURS

À la suite des échecs retentissa­nts de la charte des valeurs et de la loi 62, il faut arrêter la surenchère sur les signes religieux et revenir au fond des choses. La campagne électorale est un moment privilégié pour présenter des engagement­s clairs sur une propositio­n crédible de laïcité qui suscite l’adhésion des citoyens.

Faut-il interdire les signes religieux aux enseignant(e)s, au personnel soignant, etc. ? Ça se discute, mais pas avant d’avoir proposé un modèle de laïcité pour le Québec.

La burqa, le niqab et le tchador, qu’il ne faut pas assimiler à des signes religieux, doivent être interdits dans les institutio­ns étatiques comme étant dégradants pour la dignité de la personne et contraires au principe de l’égalité hommes-femmes.

Mais au-delà de la rhétorique des uns et des autres, les véritables enjeux de la laïcité sont ailleurs, notamment, dans la lutte aux extrémisme­s religieux qui font reculer les droits de la personne et la démocratie, dans la discrimina­tion infligée aux petites filles à l’école pour accommoder le prosélytis­me de leurs parents, dans le relativism­e culturel qui s’infiltre dans nos institutio­ns politiques, administra­tives et judiciaire­s, au nom d’une certaine idée de la liberté de religion, et ce, dans l’indifféren­ce la plus totale de nos institutio­ns.

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Le chef du Parti québécois Jean-françois Lisée

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