Le Journal de Quebec

Le maire téflon

- KARINE GAGNON

Le supposé vent de changement dont se réclamaien­t des opposants au maire sortant s’est plutôt traduit en véritable raz-de-marée pour Équipe Labeaume, qui pourra de nouveau régner sans grand partage au conseil municipal de Québec.

La division du vote a favorisé le maire sortant et ses candidats, comme on pouvait s’y attendre. M. Labeaume, qui a mené une campagne dans la zénitude, au point d’en devenir presque méconnaiss­able, a misé sur la qualité de vie et les espaces verts, sans grand projet à présenter à la population. Plus vigoureux au cours de la dernière semaine, il n’a malgré tout pas dérogé de sa stratégie.

Le fait qu’il n’avait pas de projet de transport en commun structuran­t à proposer à la population, après l’échec du SRB, lui a nui, mais pas au point de pousser les électeurs à lui tourner le dos. Ses opposants ont sous-estimé encore une fois le maire téflon, qui résiste à toutes les attaques.

Le chef d’équipe Labeaume a donc remporté son pari haut la main. Bien des politicien­s rêveraient d’un résultat aussi fort, à 55,3 %, à plus forte raison après dix ans de règne.

CINGLANTE DÉFAITE

En revanche, pour Anne Guérette, qui occupait le poste de chef de l’opposition depuis décembre, il s’agit d’une cinglante défaite, et ce, même si elle a mené dans l’ensemble une très bonne campagne.

Non seulement la chef de Démocratie Québec a-t-elle terminé troisième à la mairie, mais elle s’est fait supplanter par un nouveau venu. Les pourcentag­es d’appuis envers les candidats de son équipe se sont avérés pour la plupart très faibles.

Même son colistier s’est retrouvé en danger tout au long de la soirée, pour finalement l’emporter de justesse dans le district Cap-aux-diamants. Elle a travaillé malgré tout très fort et avec sérieux, et mérite son siège au conseil.

MANQUE DE RIGUEUR

En ce qui concerne Jean-françois Gosselin, il est parvenu en peu de temps à se hisser au deuxième rang à la mairie. Mais de toute évidence, le chef et son parti n’ont pas réussi à susciter la confiance chez les électeurs.

Le chef de Québec 21 a manqué de rigueur, ce qui est inacceptab­le pour quiconque ambitionne de diriger une grande ville comme Québec.

Son organisati­on, plutôt que de s’atteler à bâtir des dossiers solides et bien documentés, s’en est prise plusieurs fois aux médias pour tenter d’expliquer sa déroute.

La ridicule théorie du complot peut toujours être véhiculée par des clowns ou sur les médias sociaux, mais lorsqu’elle est reprise par un chef et son parti, ça devient risible et immature.

M. Gosselin a fait la preuve de son manque de jugement politique, s’acoquinant avec des gens qui manquaient cruellemen­t d’expérience, ou qui l’ont manipulé pour faire mousser certaines idées. Il a basé sa campagne sur le troisième lien, un projet hautement hypothétiq­ue qui rejoint davantage de gens sur la rive sud qu’à Québec.

Il a peiné à expliquer ses idées, qui manquaient pour la plupart de profondeur, quand elles n’étaient pas basées sur de fausses informatio­ns, une insulte envers les électeurs de Québec.

Il reste à souhaiter qu’il fera preuve de plus de rigueur et de sérieux comme conseiller municipal, poste auquel il a accédé de justesse, et comme chef de l’opposition.

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