Le Journal de Quebec

Laurel a perdu son Hardy

- RICHARD MARTINEAU

Eh bien, ça y est : Laurel a perdu son Hardy.

Contrairem­ent à Régis Labeaume, qui a profité d’une course à trois pour se faufiler, Denis Coderre, lui, a bu la tasse et en a pris plein la gueule.

Monsieur Baboune s’est fait battre par Soeur Sourire.

DES ERREURS DE DÉBUTANT

Le maire sortant de Montréal n’a que lui à blâmer pour sa déconfitur­e.

Primo : si monsieur Coderre avait dévoilé les fameux chiffres de la course de Formule E au lendemain même de l’événement, comme les journalist­es le demandaien­t, personne n’aurait parlé de cette histoire ces derniers jours.

Un politicien aussi aguerri que monsieur Coderre aurait dû le savoir : les électeurs détestent avoir l’impression qu’on leur cache des choses.

Ils préfèrent un élu qui admet une erreur (« Oui, c’est vrai, l’événement n’a pas attiré autant de gens qu’on l’espérait, c’est dommage, on va tenter de comprendre ce qui s’est passé… ») plutôt qu’un politicien qui tente de balayer la poussière sous le tapis afin de sauver son image.

Deuxio : si le maire avait mis son bilan à l’avant-plan, plutôt que sa personnali­té, il serait peut-être encore en poste.

Malheureus­ement, c’est ce qui arrive quand on n’écoute pas les gens qui nous entourent : on perd contact avec la réalité et on se croit infaillibl­e.

« Je suis Denis Coderre ! Je fais de la politique depuis que j’ai trois ans ! Comment pourrais-je perdre contre une femme qui était encore une inconnue il y a quelques semaines ? »

BRASSER LA CAGE

On a beaucoup parlé des maires à grande gueule, ces dernières années : Jean Tremblay, Régis Labeaume, Denis Coderre.

Des personnali­tés hautes en couleur qui n’ont pas la langue dans leur poche et qui aiment brasser la cage.

On a écrit que ce style baveux nous changeait de la rectitude politique ambiante…

Mais on a eu tendance à oublier une chose : Montréal n’est ni Québec ni Saguenay.

Ce qui passe pour une saine insolence dans ces villes qui n’ont pas froid aux yeux est pris pour de l’arrogance à Montréal-la-frileuse.

N’oubliez pas : Montréal est la ville des Bixis, l’hôte de la Grande Messe du dimanche soir, le Royaume de Québec solidaire, la métropole qui abrite la République Indépendan­te du Plateau !

Rouler des mécaniques en début de mandat est une chose. C’est drôle, c’est rigolo.

Mais rouler des mécaniques pendant quatre ans en est une autre.

Au début, les Montréalai­s ont ri, mais après quelques mois, ils ont eu tendance à trouver ça lourd.

Surtout lorsque le maire a sorti un marteau-piqueur pour détruire du matériel public et qu’il s’est déguisé en Minion pour visiter les égouts.

La gauche montréalai­se n’a pas trouvé ces actions très adroites, mettons.

POUR ET CONTRE

À Québec, les électeurs n’ont pas tant voté pour Régis Labeaume que contre l’opposition, qu’ils jugeaient trop faible pour diriger la Ville.

À Montréal, c’est le contraire : les gens n’ont pas tant voté pour Valérie Plante que contre Denis Coderre.

Reste à savoir qui est la nouvelle mairesse.

Est-elle vraiment une femme de centre, comme elle l’a répété, ou une émule de Québec solidaire déguisée en politicien­ne probusines­s ?

On va le découvrir bien assez vite…

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