Le Journal de Quebec

Une défaite humiliante

Denis Coderre quitte la politique municipale après avoir mordu la poussière

- MATTHIEU PAYEN

Denis Coderre a quitté la politique municipale hier, après s’être fait battre à plate couture à l’issue d’une campagne durant laquelle son arrogance et son manque de transparen­ce ont été dénoncés.

C’est une lourde défaite à encaisser pour le maire sortant, fort de ses 30 ans de carrière en politique et 11 campagnes électorale­s au compteur, aux mains d’une adversaire qui était pratiqueme­nt inconnue il y a quelques semaines.

Le maire sortant n'occupera pas le poste de chef de l'opposition. Sans donner plus de détails, il a annoncé son retrait de la vie politique municipale.

« Je pars la tête haute […] Je suis désolé pour ceux qui ont perdu, j’en prends l’entière responsabi­lité », a lancé M. Coderre, d’une voix remplie d’émotion.

L'humiliatio­n est d'autant plus grande pour le maire que plusieurs membres de son équipe ont subi le même sort. De nombreux poids lourds du parti du maire sortant ont eux aussi mordu la poussière, comme Réal Ménard dans Mercier– Hochelaga-maisonneuv­e ou Anie Samson dans Villeray–saint-michel–parc-extension.

PROSTRÉ

Hier soir, un silence de cathédrale régnait dans la salle de spectacle l’olympia où étaient réunies ses troupes. L'ambiance devenait de plus en plus lourde à mesure que les résultats s'affinaient.

Et, vers 21h, le bruit s’est mis à courir parmi les journalist­es présents que le maire attendait, prostré dans une chambre d’hôtel, sachant déjà que le sort de l’élection était scellé.

Les signaux d'alerte lancés par les sondages qui donnaient M. Coderre au coude à coude avec son adversaire n'auront pas été suffisants pour que son équipe renverse la vapeur. Annoncé grand vainqueur à l'entame de la campagne, le maire sortant n'a cessé de perdre du terrain face à Valérie Plante.

Misant uniquement sur son expérience en politique et le bilan de son mandat, M. Coderre a été beaucoup moins flamboyant que son adversaire. «Regardez où était Montréal il y a quatre ans», ne cessait-il de répéter.

Mais il faut croire que les électeurs n’avaient pas envie de regarder en arrière.

Le bilan de la course de Formule Électrique, très critiquée par les commerçant­s et résidents du centre-ville, a empoisonné la fin de campagne. Le maire a été talonné pendant trois mois par les journalist­es et l'opposition sur cette question.

Le manque de transparen­ce au sujet des 20 000 billets donnés pour la Formule E, ajouté à l’absence de registre pour les visiteurs à l’hôtel de ville et aux liens allégués de M. Coderre avec le promoteur Evenko lui ont donné une image de gestionnai­re opaque.

BOUTON PANIQUE

Poussé dans ses retranchem­ents, l’ «omnimaire» n’a changé de tactique que lors de la dernière semaine de campagne, contraint par son adversaire d'appuyer sur le bouton panique.

Messages publicitai­res en pagaille, campagne de peur sur une éventuelle plateauïsa­tion de Montréal ou encore soutiens de dernière minute de personnali­tés tels que Gilles Duceppe, Soeur Angèle ou le champion de ski acrobatiqu­e Alexandre Bilodeau. Tout y est passé. Ces efforts ont été vains.

La question se pose maintenant de savoir si les candidats qui se sont faits élire sous la bannière Coderre.

« JE PARS LA TÊTE HAUTE [...] JE SUIS DÉSOLÉ POUR CEUX QUI ONT PERDU, J’EN PRENDS L’ENTIÈRE RESPONSABI­LITÉ» – Denis Coderre

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PHOTO TOMA ICZKOVITS, AGENCE QMI L’ex-maire Denis Coderre a quitté la politique municipale hier soir dans un discours pendant lequel il a souhaité bonne chance à son adversaire.

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