Le Journal de Quebec

Radio-canada : on gagne à dépenser ?

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

En lisant ma chronique « Bonjour la police », vous avez été nombreux à demander : « Pourquoi Radio-canada refuse de dire combien a coûté sa propre police de caractères “sur mesure” ? »

Plusieurs autres questions me viennent aussi à l’esprit.

POLICE HAUTE COUTURE

En 2016, quand le gouverneme­nt Trudeau a annoncé un réinvestis­sement de 675 millions sur cinq ans, le PDG Hubert Lacroix avait promis que cet argent servirait à « créer de nouveaux contenus », à réinvestir « dans les secteurs clés » et « dans de nouveaux emplois ».

Le fait que Radio-canada possède maintenant son propre w en italique bold, est-ce du « nouveau contenu », un « secteur clé » ou un « nouvel emploi » ?

Mélanie Joly, ministre du Patrimoine, trouve-t-elle pertinent que Radio-canada se paye sa propre police ?

Sait-elle combien cela a coûté ?

TOUT LE MONDE LE FAIT, FAIS-LE DONC !

Tard dimanche soir, Marie Tétreault, chef de la promotion, a répondu à mes questionne­ments sur la pertinence pour Radio-canada d’avoir sa propre police de caractère.

« Les Services numériques de Radio-canada ont mis en oeuvre la démarche de création d’une police de caractères distinctiv­e pour que celle-ci soit applicable et lisible sur l’ensemble des plateforme­s de Radio-canada : ses pages web et mobiles, et à la télé.

« Le fait de créer sa police de caractères originale offre une option avantageus­e économique­ment à moyen terme : ceci permet d’avoir une utilisatio­n illimitée multi-plate-forme sans frais, alors que l’achat d’une licence d’utilisatio­n implique des frais récurrents », écrit-elle.

« Par exemple, pour le web, le coût d’une police de caractères est établi en fonction de l’achalandag­e. Alors, pour les grands médias qui ont des sites web très achalandés, l’option d’avoir sa propre police est avantageus­e. En ce sens, les Services numériques de Radio-canada ont fait le même choix que plusieurs grands médias, dont The Guardian, CNN et la BBC. »

Le problème, c’est que tant que Radio-canada ne nous dira pas combien ont coûté le développem­ent de sa police et son implantati­on sur toutes ses plateforme­s, les contribuab­les seront incapables de juger si c’est une « option avantageus­e ».

Et si on ne sait pas combien ça coûtait avant, comment peuton savoir combien on économise ? Est-ce 3000 $, 30 000 $, 300 000 $ ou trois millions ? Si Radio-canada n’est pas transparen­te de A à Z sur toute cette transactio­n, pourquoi les croire sur parole ?

Et je ne vois pas en quoi le fait que CNN (une entreprise privée) ou la BBC aient fait la même dépense justifie que Radio-canada – qui se plaint de sous-financemen­t chronique depuis des années – choisisse cette avenue. C’est le syndrome du voisin gonflable ? Ton voisin part dans le Sud, achète la voiture de l’année et t’es obligé de faire pareil ?

On se serait attendu à une logique plus solide de la part du diffuseur public.

LES ARTISTES

Pourquoi n’entend-on pas un mot de la part du Club des Artistes Donneurs de Leçons ? Quand Radio-canada est la cible de coupures des conservate­urs, ils montent au créneau.

Mais quand le diffuseur public dépense l’argent des libéraux pour une police de designer, on ne les entend plus.

Auraient-ils l’indignatio­n à géométrie variable ?

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