Le Journal de Quebec

Le sourire de Valérie

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Savez-vous à quoi me fait penser Valérie Plante, la nouvelle mairesse de Montréal ? À un biscuit chinois. Pas aux biscuits eux-mêmes, mais aux messages qu’on y trouve.

« Aujourd’hui est le premier jour du reste de votre vie. »

« Plus qu’hier, moins que demain. »

« Après la pluie vient le beau temps. »

« Un de perdu, dix de retrouvés. »

LE MOMENT ZEN

Voilà pourquoi la chef de Projet Montréal a gagné. Parce qu’elle est rassurante, souriante, consolante.

Elle est comme Valérie, l’héroïne du film culte de Denis Héroux. Pure, innocente, lumineuse. Un rayon de soleil dans un monde de plus en plus froid.

Le SPVM espionne les journalist­es ? La SQ perquisiti­onne le quartier général du SPVM ? L’UPAC arrête un politicien en fonction ? Valérie sourit. Jean Chrétien, Brian Mulroney et Paul Martin auraient caché des sommes importante­s dans des paradis fiscaux pour échapper au fisc ? Valérie sourit. On ne sait plus à quel saint se vouer, toutes les figures d’autorité tombent de leur piédestal, les électeurs ne se déplacent même plus pour aller voter parce que, de toute façon, « c’est toute une bande de crosseurs » ? Valérie sourit. On dirait le célèbre Candide de Voltaire : « Tout est bien, tout va bien, tout va le mieux qu’il soit possible. »

Tu regardes Valérie Plante et ton âme s’apaise.

Comme si tu avais bu de la tisane ou pris du Xanax.

Un sourire qui ferait fondre des icebergs de cynisme...

TOUT VA BIEN ALLER

Dimanche soir, je regardais Valérie Plante monter sur la scène du Théâtre Corona pour saluer ses électeurs et savourer sa victoire, et je souriais.

Pourtant, je ne tripe pas particuliè­rement sur ses idées. Projet Montréal m’apparaît comme le club-école de Québec solidaire, et voir Amir Khadir capoter comme si c’était lui qui venait d’être élu maire de Montréal ne me dit rien qui vaille.

Mais voilà, Valérie Plante était tellement contente d’avoir gagné que je ne pouvais m’empêcher de sourire.

Elle souriait, je souriais, ma blonde souriait en me regardant sourire, les chats souriaient en regardant ma blonde souriante me regarder sourire, bref, on avait tous l’air d’avoir mangé un muffin au pot.

C’est quand, la dernière fois que vous avez souri en regardant un politicien ?

On dit qu’on vote pour un candidat parce qu’on aime ses idées, parce qu’on trouve que c’est la personne la mieux outillée pour régler nos problèmes. Faux. On vote pour un candidat parce qu’on aime comment ce candidat nous fait sentir.

On aime l’image qu’il renvoie de nous. Un politicien est un miroir. Or, que vois-je quand je regarde Valérie Plante ?

Une société optimiste, bien dans sa peau, qui se dit que tout va bien aller.

Valérie est toute contente d’être heureuse et, quand je la regarde, je suis tout heureux d’être content.

LE BOUT DU TUNNEL

En fait, c’est ça, un politicien. C’est juste ça. Un message de biscuit chinois. Pour certains, c’est l’ambition. On est capables, on va faire de grandes choses !

Pour d’autres, c’est la compassion. Kumbaya, les amis, Kumbaya ! Valérie Plante, elle, c’est la sérénité. Ne vous en faites pas, il y a toujours de la lumière au bout du tunnel.

On a presque envie d’y croire...

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