Le Journal de Quebec

À PEINE 330 PERMIS DE TRAVAIL AUX 10 000 MIGRANTS

Ottawa s’est traîné les pieds

- Patrick Bellerose l Pbellerose­jdq patrick.bellerose @quebecorme­dia.com

Malgré les demandes répétées de Québec, le gouverneme­nt fédéral distribue au compte-gouttes les permis de travail pour les milliers de demandeurs d’asile arrivés durant la crise des migrants l’été dernier.

Depuis juillet, Ottawa a accordé seulement 330 permis de travail aux demandeurs d’asile vivant au Québec, selon Immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada.

Autrement dit, seul l’équivalent de 3 % des 10 246 demandeurs d’asile accueillis l’été dernier peut postuler pour un emploi. Ces migrants, principale­ment haïtiens, ont fui les États-unis après que le président Donald Trump eut menacé de les renvoyer dans leur pays.

La situation surprend le directeur de la Table de concertati­on des organismes au service des personnes réfugiées et immigrante­s, Stephan Reichold.

Ce dernier rappelle que les demandeurs d’asile ont besoin de travailler rapidement pour subvenir à leurs besoins.

« Avec environ 620 $ de l’aide sociale, c’est sûr que c’est très peu pour survivre », souligne-t-il.

RETARDS

Dans les faits, les demandes traitées ont principale­ment été reçues avant juillet. Début septembre, le délai pour traiter une demande présentée en ligne était de 84 jours et de 105 jours pour une demande papier.

« Les demandes de permis de travail des demandeurs d’asile étaient évaluées avec toutes les autres demandes de permis de travail jusqu’à la mi-septembre », dit une porte-parole d’immigratio­n Canada, Nancy Caron, pour expliquer ce délai.

Depuis, Ottawa a accéléré le traitement des demandes et « s’engage à respecter une norme de service de 30 jours ».

L’été dernier, Québec pressait Ottawa d’accélérer le traitement des permis de travail.

« L’obtention rapide d’un permis de travail est primordial­e pour que les demandeurs d’asile puissent subvenir à leurs besoins en attendant qu’une décision soit rendue pour leur demande d’asile, affirme encore aujourd’hui le ministre de l’immigratio­n, David Heurtel. Plusieurs d’entre eux veulent et peuvent travailler. »

Les données du ministre Heurtel varient un peu par rapport à celles du fédéral. Il affirme que 2272 permis de travail ont été accordés depuis avril, soit une période de sept mois.

REMBOURSEM­ENT ?

Québec avait aussi évoqué l’été dernier la possibilit­é qu’ottawa rembourse une partie des coûts liés à l’accueil des migrants en situation irrégulièr­e.

« Les ministères concernés sont à comptabili­ser les coûts liés à l’accueil des demandeurs d’asile, assure le ministre Heurtel. Une fois le bilan complété, nous nous assurerons de réclamer du gouverneme­nt fédéral les sommes qui devront l’être. »

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, MARIE-ÈVE DUMONT ?? Plus de 10 000 demandeurs d’asile sont entrés au Québec en situation irrégulièr­e l’été dernier après que le président Donald Trump eut menacé de les expulser du territoire américain.
PHOTO D’ARCHIVES, MARIE-ÈVE DUMONT Plus de 10 000 demandeurs d’asile sont entrés au Québec en situation irrégulièr­e l’été dernier après que le président Donald Trump eut menacé de les expulser du territoire américain.
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