Le Journal de Quebec

Canada, paradis des magouilleu­rs ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Avez-vous déjà dû de l’argent à l’impôt ? Ce n’est pas très rigolo. L’agence du revenu du Canada (ARC) est prête à faire des arrangemen­ts avec vous pour vous aider à payer votre dû, mais vous êtes mieux de ne pas trop étirer l’élastique sinon le fisc va vous envoyer ses goons.

LES RICHES S’EN SORTENT

Voici d’ailleurs ce qu’on peut lire sur le site de L’ARC…

« Il est important que chacun d’entre nous paie sa part. Les impôts servent à payer les soins de santé, les services de garde d’enfants, l’assurance-emploi, les projets d’infrastruc­ture urbains et d’autres services importants.

« Si vous ne payez pas votre dette à temps et que vous refusez de collaborer, nous pouvons prendre diverses mesures pour récupérer la somme que vous nous devez.

« Ces mesures pourraient entraîner de graves conséquenc­es financière­s ou juridiques pour vous. »

En d’autres mots : t’es mieux de payer, Charlie, car tu risques de passer un mauvais quart d’heure.

Ça, c’est pour les petits contribuab­les. Ceux qui sont faciles à pincer et qui ne peuvent pas se défendre.

Parce que pour les millionnai­res et les grosses entreprise­s qui ont les moyens de se payer des avocats et des fiscaliste­s, c’est une autre paire de manches.

Comme mon confrère Jean-françois Cloutier l’a dévoilé, le Canada n’a jamais mis à l’amende ni accusé aucun contribuab­le canadien qui a caché de l’argent en Suisse dans les années 2000. Aucun. Zéro. Pourtant, il y a des milliards de dollars qui dormaient dans des comptes en Suisse pendant cette période.

Mais aucun de ces magouilleu­rs n’a été embêté par Revenu Canada.

Normal : les goons du fisc étaient trop occupés à récupérer 1000 $ ici et 250 $ là.

Aucun premier ministre canadien ne s’est attaqué au problème des paradis fiscaux.

LA PÊCHE AUX MÉNÉS

On a beau penser ce qu’on veut des Américains, là-bas, on ne niaise pas avec les millionnai­res qui multiplien­t les entourloup­ettes pour échapper au fisc.

On les arrête et on les envoie en prison. Mais ici, on a d’autres priorités. On préfère concocter une « réforme fiscale » bidon qui vise les agriculteu­rs, les garagistes et les petits entreprene­urs.

Comme si c’étaient eux, les gros bandits !

Il a beau se promener dans les couloirs du parlement déguisé en Superman, Justin Trudeau n’est pas très courageux quand vient le temps de capturer les requins.

Il préfère aller à la pêche aux poissons des chenaux. Remarquez, il n’est pas le seul. Aucun premier ministre canadien ne s’est attaqué au problème des paradis fiscaux, aucun — pas même Stephen Harper — n’a pris le taureau par les cornes.

Pire : selon les Paradise Papers, Brian Mulroney, Jean Chrétien et Paul Martin en auraient même profité !

Imaginez : d’un côté, tu dis à tes compatriot­es de mettre l’épaule à la roue et de participer à l’effort collectif.

De l’autre, tu mets tes bermudas pour aller cacher de l’argent aux Bermudes.

NOTRE PROBLÈME

Comme l’affirme Jean-françois Cloutier dans son livre La Grande dérive : comment les riches, les entreprise­s et les magouilleu­rs canadiens utilisent les paradis fiscaux, ce dossier peut vous paraître nébuleux, difficile à comprendre. Mais il vous touche directemen­t. Parce que plus les riches échappent au fisc, plus le fisc va piger dans vos poches.

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