Le Journal de Quebec

Paradis fiscal pour un ex de Google

Le Québécois Patrick Pichette a réalisé une mégatransa­ction avec l’aide d’appleby aux Bermudes

- HUGO JONCAS 438.396.5546 hugo.joncas@quebecorme­dia.com

L’ancien vice-président finances de Google, le Québécois Patrick Pichette, est un client de la firme au coeur des Paradise Papers. Fin 2013, deux de ses sociétés enregistré­es aux Bermudes ont participé à une mégatransa­ction de plus de 44 M$ pour acheter la vaste réserve naturelle privée Kenauk, en Outaouais.

L’homme d’affaires a fait enregistre­r ces entités, The Bay Meadow Limited Partnershi­p (BMLP) et Erabliere Ltd, à l’adresse du cabinet Appleby, le cabinet d’avocats ciblé par les Paradise Papers, la toute dernière fuite de documents sur les paradis fiscaux de l’internatio­nal Consortium of Investigat­ive Journalist­s (ICIJ).

Il y a quatre ans, elles se sont jointes à d’autres millionnai­res québécois et canadiens pour mettre la main sur la forêt préservée Kenauk, qui faisait autrefois partie de la seigneurie de Louis-joseph Papineau, chef patriote de 1837.

Patrick Pichette est aujourd’hui membre des CA de la Fondation Pierre Elliott Trudeau et de Bombardier.

DES FONDS D’UN PARADIS FISCAL

L’une des sociétés qu’appleby a créées pour lui aux Bermudes a elle-même fourni une grosse partie des fonds nécessaire­s à la transactio­n. Selon un document foncier qu’a retracé notre Bureau d’enquête, BMLP a prêté près de 11 M$ au regroupeme­nt de millionnai­res ayant mis la main sur la réserve Kenauk, à un taux d’intérêt d’environ 2,6 %.

Ce prêt aurait donc produit des revenus d’intérêt d’environ 275 000 $ pour BMLP aux Bermudes.

L’avocat qui a organisé les transactio­ns Kenauk explique que Patrick Pichette détenait déjà BMLP avant l’acquisitio­n de la réserve. « Nous n’avons pas été impliqués dans la création de la société, dit Neil Bindman, chez Stikeman Elliott. C’est son véhicule pour faire ses investisse­ments. »

Il dit ignorer pourquoi l’ancien v.-p. de Google a opté pour cette structure. « C’est une bonne question. Chaque personne a sa propre planificat­ion fiscale. Honnêtemen­t, je ne pense pas que c’est une chose anormale de faire une société en commandite, soit nationale, soit internatio­nale, pour détenir des immeubles au Québec. »

PAS DE COMMENTAIR­ES

Patrick Pichette n’a pas rappelé notre Bureau d’enquête à ce sujet. Impossible de savoir d’où proviennen­t les fonds que détenaient ses sociétés bermudienn­es, et ce qui a motivé le choix de ces structures.

La transactio­n sur la réserve Kenauk implique non seulement une société en commandite et une compagnie des Bermudes, mais aussi une entreprise de Colombie-britanniqu­e, Kenauk Pichette Holdings ULC.

Si BMLP vend sa participat­ion, la société en commandite devra en principe payer des impôts sur ses profits avant de les renvoyer aux Bermudes. Rien n’indique que le montage de Patrick Pichette ait quoi que ce soit d’illégal.

Vous avez de l’informatio­n à ce sujet ?

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PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE Patrick Pichette a utilisé des sociétés créées dans les bureaux du cabinet d'avocats Appleby aux Bermudes pour acquérir la vaste réserve privée Kenauk avec ses partenaire­s, alors qu’il était toujours chez Google.
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PHOTO D’ARCHIVES Vue aérienne de la réserve Kenauk, en Outaouais.

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