Le Journal de Quebec

12 ans réclamés pour l’ex-coach

Bertrand Charest aurait plutôt aimé faire des conférence­s dans les écoles en guise de sentence

- CLAUDIA BERTHIAUME

La Couronne réclame 12 ans de détention pour l’ex-coach Bertrand Charest, alors que ce dernier aimerait plutôt faire des conférence­s dans les écoles en guise de sentence pour avoir agressé sexuelleme­nt neuf jeunes skieuses.

« Il vit dans une autre réalité », a insisté Me Caroline Lafleur, de la Couronne, hier.

Quelques mois après avoir été reconnu coupable d’agressions et de contacts sexuels sur neuf jeunes skieuses dont il était l’entraîneur dans les années 1990, Bertrand Charest nie toujours avoir commis ces crimes. Il a d’ailleurs porté le verdict en appel.

L’homme de 52 ans a récemment dit à une agente de probation chargée de l’évaluer qu’il était simplement tombé amoureux de deux de ses athlètes et qu’il avait eu des relations sexuelles avec une troisième. Le reste n’est que mensonges et vengeances des victimes, selon lui.

C’est ce qui ressort de rapports prédécisio­nnel et sexologiqu­e, dont des passages ont été lus au juge Sylvain Lépine, hier.

L’ex-entraîneur de l’équipe nationale fémi- nine junior de ski alpin ne démontre aucune empathie pour les victimes, qui vivent encore aujourd’hui avec les conséquenc­es de ses abus, près de 20 ans plus tard.

Lors des représenta­tions sur sentence qui ont débuté hier, au palais de justice de Saint-jérôme, plusieurs ex-athlètes ont expliqué, en personne ou au moyen de lettres, en quoi les gestes posés par leur ancien entraîneur avaient eu un impact sur elles.

Bertrand Charest se considère lui-même comme une victime dans cette affaire.

« Il est la victime des victimes, la victime du tribunal, la victime de la société qui ne comprend pas », a énuméré Me Lafleur, ironiqueme­nt.

L’ancien coach de Mont-tremblant a indiqué qu’il aurait aimé mieux être jugé dans les années 1990 – période où se sont déroulées les agressions – parce que la mentalité québécoise actuelle lui est défavorabl­e.

Il a ajouté qu’il avait une belle relation avec sa conjointe « jusqu’à ce que les propos du juge mettent le dernier clou dans le cercueil ».

« PRÉDATEUR »

En condamnant Charest en juin dernier, le juge Lépine l’avait qualifié de « véritable prédateur tissant sa toile soigneusem­ent pour y attirer de jeunes femmes, adolescent­es ».

En guise de sentence, l’homme de 52 ans aurait aimé donner des conférence­s dans les écoles auprès de jeunes athlètes, d’après ce qui a été relaté à la cour.

Précisons que Bertrand Charest ne pourrait pas écoper d’une telle sentence dans les faits, lui qui est détenu depuis son arrestatio­n il y a deux ans et demi.

Son avocat, Antonio Cabral, fera ses représenta­tions la semaine prochaine quant à la peine à imposer à son client.

CONTRÔLE TOTAL

Pour la Couronne, une sentence « conservatr­ice » de 12 ans de pénitencie­r est de mise, notamment en raison de plusieurs facteurs aggravants.

Il a eu des contacts sexuels avec neuf skieuses mineures pendant plusieurs années. Charest a eu des relations complètes non protégées avec quatre d’entre elles. Une athlète a même dû se faire avorter à l’âge de 15 ans.

Selon la Couronne, le coach déchu a abusé de son autorité pour « jouer dans la tête » d’athlètes qui avaient du potentiel à revendre dans le monde du ski.

« Il contrôlait tous les aspects de leur vie. Il avait la confiance des parents », a souligné Me Caroline Lafleur.

La procureure a également demandé au juge d’interdire à Bertrand Charest d’occuper tout emploi qui le mettrait en position d’autorité à l’égard de mineurs, et ce, pour le reste de ses jours.

« IL EST LA VICTIME DES VICTIMES, LA VICTIME DU TRIBUNAL, LA VICTIME DE LA SOCIÉTÉ QUI NE COMPREND PAS » – Me Caroline Lafleur, ironiqueme­nt

Les procédures se poursuivro­nt la semaine prochaine.

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