Le Journal de Quebec

Tom Harding s’était confié à un chauffeur de taxi

La locomotive perdait de l’huile quelques minutes avant de prendre feu TOM HARDING

- CAROLINE LEPAGE

SHERBROOKE | Le conducteur Tom Harding s’est confié à un chauffeur de taxi sur le mauvais état de sa locomotive avant que celle-ci ne dévale une pente et n’explose à Lac-mégantic.

Le 5 juillet 2013 en soirée, Tom Harding a garé son convoi de pétrole à Nantes, en Estrie, à moins de 15 km de Lac-mégantic.

Il y avait beaucoup d’huile qui s’échappait de la locomotive de tête et un nuage de boucane s’échappait, ce qui a inquiété le chauffeur de taxi André Turcotte, qui était venu le chercher.

La fuite d’huile était à ce point importante que le pare-brise du taxi est devenu huileux. M. Turcotte craignait que la route ne devienne glissante, a-t-il raconté hier au procès de Harding, au palais de justice de Sherbrooke.

Lorsque Harding est monté à bord du taxi, il était couvert de picots d’huile et M. Turcotte l’a questionné.

« La compagnie m’a dit de laisser rouler l’engin. Si le niveau d’huile devient trop bas, l’engin va arrêter. Je devrais peutêtre appeler du côté américain, car ils sont plus pesants. Peut-être qu’ils me diraient de fermer l’engin », lui aurait dit Tom Harding d’un ton calme.

Le conducteur du train est accusé avec deux autres ex-employés de la Montreal, Maine & Atlantic (MMA), Jean Demaître et Richard Labrie, de négligence criminelle causant la mort de 47 personnes lorsque le convoi a explosé dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013 à Lac-mégantic.

IL DEVAIT SE RENDRE

Selon le témoignage d’andré Turcotte, Harding aurait informé ses patrons des problèmes mécaniques. « Il m’a dit qu’il y avait un engin qui travaillai­t fort sur le chemin et que la compagnie lui a dit de se rendre pareil », a-t-il rapporté, hier.

Durant le trajet, M. Turcotte, qui est un ancien policier de la Sûreté du Québec, a interrogé son client sur les risques que sa locomotive pourrait causer à l’environnem­ent.

« M. Demaître est parent avec des gens de l’environnem­ent. On se fait jamais checker les locomotive­s, fuck all », lui aurait confié Harding.

Lorsqu’il l’a déposé à l’auberge où il passait la nuit, M. Turcotte lui a offert de revenir le chercher si jamais il devait retourner au train. L’accusé ne l’a jamais appelé.

INCENDIE

Vers 23 h 25, Claude Vallée circulait vers Nantes lorsqu’il a vu la locomotive de tête d’un train de pétrole en feu en bordure de la route 161. Des flammes d’environ six pieds de hauteur sortaient de la cheminée. L’automobili­ste a crié, mais personne ne lui répondait.

« Le moteur fonctionna­it. Il y avait des push comme si de l’air s’échappait », a-t-il relaté aux membres du jury.

Il a appelé le 911 et il a filmé l’incendie jusqu’à l’arrivée des pompiers. « On nous a demandé de quitter les lieux parce que ça pouvait être dangereux », a-t-il témoigné.

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CAPTURES D’ÉCRAN ET PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE Avant que le train n’explose à Lac-mégantic, le 6 juillet 2013, la locomotive de tête du convoi pétrolier avait pris feu. Claude Vallée, un passant, a filmé la scène à Nantes et l’interventi­on des pompiers après avoir appelé le 911.
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