Deux femmes voilées ne veulent pas de la loi
Elles veulent invalider la règle sur la neutralité religieuse
Une musulmane « terrorisée » d’aller voter dimanche a déposé conjointement avec d’autres citoyens une action en justice hier pour contester la loi 62 sur la neutralité religieuse.
« Il n’y a qu’une seule place pour cette loi-là : à la poubelle », a déclaré Warda Naili au Journal hier.
Elle fait partie des deux femmes portant le niqab qui sont nommées dans le document déposé en Cour supérieure.
Mme Naili, qui avoue avoir voté pour le Parti libéral aux dernières élections, raconte vivre dans la peur depuis que le débat sur la loi 62 fait rage.
TERRORISÉE
Elle n’a pas eu recours à des services publics depuis que la loi est entrée en vigueur il y a trois semaines, sauf lorsqu’elle est allée voter dimanche.
« J’étais terrorisée ». Elle ignorait si elle aurait à rester découverte tout le long de l’exercice. Elle n’a finalement eu qu’à se découvrir brièvement pour s’identifier, ce qu’elle est habituée de faire.
« Cette loi envoie le message à tous ceux qui sont intolérants qu’ils ont raison de nous harceler », craint-elle.
L’autre femme nommée dans le document, Fatima Ahmad, est une étudiante de Mcgill qui souhaite devenir enseignante au primaire. La nouvelle loi l’empêcherait de travailler au Québec, même si elle avait le visage découvert en classe, a-t-elle expliqué au Journal.
SUSPENSION DEMANDÉE
« Cette loi est discriminatoire, inconstitutionnelle et superflue », a déclaré Ihsan Gardee, directeur exécutif du Conseil national des musulmans canadiens, l’un des regroupements à l’origine de la contestation.
De son côté, la ministre Stéphanie Vallée s’est dite confiante que sa loi passerait le test des tribunaux. Elle a par ailleurs été blanchie hier par la présidence de l’assemblée nationale des accusations d’outrage au Parlement qui pesaient sur elle. L’opposition lui reprochait d’avoir affirmé que les passagers d’un autobus devaient garder le visage découvert pour tout le trajet, avant de faire volte-face.
Quant aux élus fédéraux, ils ont réagi à la contestation avec prudence hier, préférant ne pas se mêler au débat. — Avec Kathryne Lamontagne,
Bureau parlementaire, et Maxime Huard, Agence QMI