Le Journal de Quebec

Une fratrie en situation de crise et de panique

- NICOLAS SAILLANT

« On criait tout le temps “papa arrête s’il te plaît arrête”. »C’est l’essentiel des souvenirs que s’est rappelés la troisième victime alléguée du présumé tyran de la Beauce au jour deux du procès pour voies de fait, menace de mort et agressions sexuelles de l’homme de 63 ans.

La femme, sixième enfant de l’accusé, est notamment venue corroborer les scènes qui ont le plus marqué cette fratrie de la Beauce.

Elle a entre autres raconté le triste épisode où leur père a criblé de balles leur chienne Belle devant toute la famille.

« On l’aimait beaucoup », a-t-elle indiqué en se rappelant difficilem­ent ce dur souvenir. « Je voulais aller la sauver [la chienne], mais il m’a pointé la carabine dessus, puis il a dit “retourne là-bas”. »

Un autre chien aurait aussi été abattu quelques années plus tard parce qu’il avait mordu le doigt d’une enfant.

« Je m’en suis tellement voulu », a raconté en pleurs celle qui avait été mordue légèrement en justifiant qu’il s’agissait d’un chien de garde.

Sa soeur plus vieille s’est rappelé que l’animal est resté plusieurs jours dans le sous-sol de leur maison et que les plus vieux devaient enjamber la bête morte pour chauffer la résidence.

SOUHAITER UN SUICIDE

La troisième témoin du procès a aussi indiqué que la maison était dans un perpétuel climat de crise.

« Une grosse panique familiale de deux ou trois heures » s’était terminée lorsque l’homme était descendu dans le sous-sol en affirmant vouloir se suicider.

Une fois au sous-sol, la fratrie a entendu un coup de feu alors qu’à l’étage la famille ne savait plus quoi faire. « J’aurais préféré qu’il se suicide », a dit sa fille.

Cette dernière a toutefois eu le mandat de sa mère d’aller vérifier ce qu’il se passait. L’accusé, toujours vivant, aurait alors repris sa colère en accusant sa famille de vouloir sa mort. « Il disait dans quel ordre il allait nous tuer », s’est-elle souvenue.

CONTACT RÉGULIER

Le climat de terreur s’est en partie estompé après le divorce de la mère des enfants en 1996. Sa conjointe lui aurait alors dit « tu me tues ou tu t’en vas ».

Parti s’établir en Montérégie où il a refait sa vie, le père a tout de même continué les contacts avec plusieurs de ses filles, et ce, jusqu’à son arrestatio­n en 2015.

« Je me suis donné le mandat de lui faire entendre raison […] notre papa, qu’il soit dysfonctio­nnel ou pas, violent ou pas, c’est notre papa », a dit l’une de ses filles qui a avoué s’être cachée de peur d’être tuée après avoir porté plainte.

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